L'histoire :
Le roi viking Gudruun maudit les dieux. Alors qu’arrive la fin de son règne, il ne peut confier son trône à sa descendance : il n’a eu que des filles ! Or, il n’y a jamais eu de reine à Helluland. Il décide donc d’organiser un grand tournoi, dont le vainqueur sera désigné pour lui succéder. Le jour J, une vingtaine d’hommes s’affrontent autour d’un certain nombre d’épreuves prenant essentiellement en compte les aptitudes au combat. C’est un mystérieux guerrier masqué qui remporte le tournoi. Lorsque le roi lui demande d’ôter son masque, il découvre qu’il s’agit de sa propre fille Aëla, véritable garçon manqué, mais néanmoins de sexe féminin. Plus agacé qu’impressionné par la prouesse d’Aëla, Gudruun rassemble l’assemblée du Thing, les sages de la tribu. Il ressort de la réunion qu’une expédition va partir pour l’île de Kaleva, où Gudruun a jadis eu un fils bâtard avec une villageoise. Les hommes en ramèneront ce dernier, qui sera alors le nouveau roi. En guise de punition pour son audace, Aëla doit se porter garante de l’expédition. A ce même moment, la nouvelle d’une invasion oblige Gudruun à envoyer d’autres guerriers combattre au nord du territoire…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Aëla se présente comme une nouvelle série d’aventures historiques au sein de l’éminente collection Repérage de Dupuis. Le contexte, celui des vikings au moyen-âge, n’est peut-être pas très original (voir Thorgal ou le plus humoristique Ingmar), mais ce premier tome est fort correctement rythmé, parfaitement cohérent, bref plutôt efficace, en attendant d’en découvrir plus. Les dialogues du scénariste Pascal Bertho (Chéri bibi) sont certes contemporains, mais outre cet impératif de lisibilité, la retranscription d’époque paraît relativement fidèle. Notamment, le dessin de Stéphane Duval, qui s’affranchit pour la première fois du catalogue Delcourt (le chevalier Malheur, les lutins, Red Caps, Janet Jones), est appliqué et très fluide. Au centre de l’intrigue, Aëla réunit tous les atouts de l’héroïne : belle, intelligente, courageuse, volontaire et plutôt douée pour l’art du combat rapproché. Son seul problème est son sexe, car la civilisation viking en cette ère barbare est uniquement patriarcale (n’oublions pas qu’en France, par exemple, le droit de vote n’a été accordé aux femmes qu’à partir de 1945…). On s’attend bien évidemment qu’au cours de prochains épisodes, Aëla impose de manière anachronique son sens du leadership au dépend des mentalités machistes. Un tome d’exposition, toujours un peu court pour se forger une opinion…