L'histoire :
Lors d’un repas chez son oncle et sa tante, une maladresse verbale a aiguillonné la jeune Nadia, 17 ans, sur la voie d’un fameux secret de famille. Elle a découvert d’un coup d’un seul, qu’avant sa naissance, ses parents – Marilyn et Rico – menaient une tumultueuse vie de braqueurs de banques en Espagne ! Et c’est parce que sa mère éclusait cinq années de pénitencier qu’elle, bébé, a vécu les cinq premières années de sa vie avec son oncle et sa tante. A l’époque, les médias avaient surnommé sa mère « la Tinosa » (la teigneuse), notamment parce qu’elle avait fait évader Rico de prison avec un hélicoptère (la première évasion réussie du genre). Aujourd’hui, son oncle Olivier lui raconte tout, avec force coupures de presse comme preuves. Nadia est tout d’abord écœurée que sa mère lui ait si longtemps caché la vérité. Elle établit d’ailleurs domicile à la ferme d’Olivier et d’Henriette, pour se donner le temps d’encaisser et de pardonner. Puis elle se met à comprendre les raisons qui ont poussé sa mère à agir ainsi et… en elle, nait même une sorte d’excitation. Cette émulation se trouve alors renforcée par l’actualité : en Espagne, son père Rico, toujours en cavale, vient de contribuer à l’évasion musclée de son frère Luis, lors d’un transfert passant par un palais de justice. Hélas, un mort est à déplorer. De fait, des flics surveillent Nadia et Marilyn de près… et ses camarades de classe regardent soudain la jeune femme de travers…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette Cavale trilogique imaginée par Frank Giroud et Florent Germaine répond en tous points au concept de la collection Secrets et se situe entre le drame familial et le polar lent. Ici, une jeune femme découvre soudain l’incroyable statut de ses parents, tous deux jadis gangsters de haut-vol… et au fil des révélations qui lui sont faites, elle endure (et profite !) des conséquences sociales. L’un des bons côtés de cette histoire, vient de la crédibilité du cadre contemporain. Giroud et Germaine ancrent en effet leur intrigue dans un quotidien réaliste non tumultueux : Nadia va au lycée, elle s’emporte comme une ado impétueuse, s’imagine des plans romantiques… et au final, elle reste dans un cocon familial relativement protecteur et sage. Le rythme des révélations, qui sont apportées a lecteur de manière progressive et accrocheuses, est également très habile… même s’il participe d’un léger manque de cohérence (quelle coïncidence que Nadia découvre tout au moment même où les médias re-propulsent sa famille sur le devant de l’actualité !). Un gros bémol est en revanche à porter aux tentatives de justifications psychologiques, lourdes et tarabiscotées, tant au niveau des symboles qui apparaissent à Nadia en rêve, que pour la victimisation amoureuse subie par Marilyn jeune (et l’acceptation ultérieure par Nadia). Les personnages y perdent clairement de leur logique et l’assimilation nécessaire du lecteur en prend un coup. Le dessin de Magda, qui « fait le job » avec professionnalisme et académisme, est agréable, à défaut d’être original.