L'histoire :
Aux dernières années du XXème siècle, José Suarez est guide dans le désert d’Atacama, au Chili. Il est de nature renfermée, cafardeux, solitaire et semble incapable d’aimer. Visiblement, il tait un lourd secret qu’il ne partage qu’avec Miguel, un détective privé avec lequel il s’entretient régulièrement au téléphone. Ce jour là, il accueille à l’aéroport Joan, une touriste américaine globe-trotter qu’il va accompagner une semaine entière dans la région. Joan montre une vigoureuse soif de liberté et d’autonomie. Elle veut écouter la musique fort, fumer sa clope en voiture et demande la plus grande chambre du petit hôtel de San Pedro. Elle se laisse aussi volontiers draguer par un suédois, alors qu’elle est mariée avec un enfant. Mais tout cela, José s’en fiche un peu. Il a d’autres soucis en tête et notamment sa relation avec Ana-Lucia, qui tient la cafétéria locale. Ana-Lucia crève d’amour pour José, qui semble insaisissable et fuit sans cesse l’idylle possible. Dans les jours qui suivent, José fait son job de guide et promène Joan, une jeune femme étonnante, de paysages désertiques en ateliers artisanaux…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce one-shot publié au sein de la prestigieuse collection Aire libre de Dupuis, il est question de vengeance et de pardon, d’amours perdus et retrouvés, de Mémoire et de grands panoramas. Mais tout d’abord, bref topo didactique : la vallée de lune se trouve dans le désert d’Atacama, sur les hauts plateaux du nord du Chili. Son nom est relativement explicite du type de paysage qu’on y foule : de grands espaces lunaires, avec des écarts de lumières et de températures monstrueux. C’est l’occasion pour Fanny Montgermont de mettre son joli dessin en couleurs directes au service de superbes cases panoramiques (dont une double p.26-27, quasiment un poster). Mais le plus intéressant dans cet album – et également le plus dérangeant peut-être – vient de la manière de dérouler la narration. Sur les premières planches, on ne comprend pas franchement ce qui se noue, étant donné que l’histoire joue visiblement sur plusieurs genres. Mais on connaît suffisamment Alcante pour se douter que ce parti-pris énigmatique sert le suspens et son propos. Effectivement, à mesure de la lecture, le scénariste étaye le récit par un jeu de flashbacks de plus en plus lointains, qui finit par expliquer tout à fait de quoi il retourne. De fait, du thriller, de la romance, de la chronique sociale teintée d’histoire ou de l’aventure, jusqu’au terme de l’album, on ne sait jamais quel registre va finalement l’emporter… et ce manque de repère perturbe un tantinet le plaisir de lecture. Nonobstant, cette approche narrative soulage un propos qui aurait pu être plombant et se révèle finalement parfaitement limpide et optimiste.