L'histoire :
Sous une météo pluvieuse, le père Arthur conduit à toute blinde (il ne sait pas conduire autrement) son ami Jérôme K Jérôme jusqu’au château d’une nouvelle cliente. Une fois traversé le vaste parc avec les deux dobermans énervés, ils sont accueillis dans le salon par Madame Barbier de Conches, une septuagénaire autoritaire. La baronne montre alors à Jérôme une vidéo envoyée sur le téléphone portable du père Etienne, son curé, un ami d’Arthur. On y voit le fils de la baronne ligoté et bâillonné sur une cuvette de WC, devant lequel des panneaux défilent. Ces panneaux réclament une rançon de 100 000€, sinon… couic ! Un kidnapping contre rançon est un procédé bien connu de Jérôme… mais il trouve ce procédé de pancarte assez nouveau et astucieux : cela évite de reconnaître la voix. La baronne n’est pas née de la dernière pluie et elle suspecte son fils lui-même de tremper de son plein gré dans cette magouille. Elle explique ses doute en montre une collection de montres de luxe appartenant à feu son époux… une collection désormais fausse, après que son fils les aient une à une remplacées par des copies. Pourquoi ce que ce bon à rien, qui se dit médecin, a-t-il besoin d’anticiper ainsi sur un héritage qui ne saurait tarder ? C’est pour le découvrir que la baronne engage Jérôme, détective privé épicurien mais scrupuleux…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Deux ans se sont écoulés depuis la précédente aventure de Jérôme K Jérôme, l’attachant détective en jeans et baskets. Mais deux ans que son auteur, Dodier, a mis au profit d’une enquête savamment équilibrée et mitonnée, en 70 planches. Une enquête où il est question de kidnapping, avec demande de rançon. Où Jérôme se demande s’il ne s’agit pas d’un simulacre. Où les filatures diurnes et nocturnes dans Paris s’alternent aux forçages de portes. Où Jérôme s’inquiète de sa tendance à la narcolepsie. Où il est très important de remplir le frigo, le soir venu. On retrouve ici tout ce qui fait le succès et qu’on apprécie dans JKJ. C’est-à-dire une affaire originale, minutieusement concoctée par Dodier et élucidée avec humanité et rigueur par son héros. Mais aussi, justement, ce personnage à la fois tête en l’air et hyper professionnel, qui mérite largement l’accoutrement de détective qu’il s’inflige. Voire encore ce rythme de narration exemplaire, dans le registre du polar à hauteur du quotidien, qui prouve que les bons vieux découpages en gaufriers permettent toujours des immersions ad hoc. Aventure après aventure, JKJ prouve qu’il est sans doute ce qui se fait de mieux (et de grand public !) ces dernières années en matière de polar BD.