L'histoire :
Quadragénaire et père de famille lambda, Clovis Chaumel a vu sa vie bouleversée le jour où il s’est curieusement décidé à visiter le musée d’Orsay. Il a en effet fait un malaise devant la toile l’Angélus de Millet et s’est mis à s’intéresser de près à ce tableau. Il a alors découvert que Salvatore Dali avait été profondément troublé par ce tableau, lui aussi, au point de l’adapter à travers diverses œuvres. L’explication avait été révélée aux rayons X : le tableau est un repenti. C'est-à-dire que la corbeille de fruits devant laquelle prient les paysans, recouvre en réalité un petit cercueil enterré. Clovis est intrigué par cette découverte, qu’il peine à appliquer à son propre cas. Il est d’autant plus perturbé qu’il se sait condamné par un myélome… à moins de recevoir une inespérée greffe de moelle osseuse. Il se met à fréquenter (platoniquement) la prof d’arts plastiques de son fils, Mlle Arnaud, un peu excentrique, mais en totale empathie avec sa démarche. En ville, les rumeurs vont bon train. Un besoin d’indépendance et de liberté le pousse à quitter sa femme, son job. Il s’installe dans un van un peu miteux, dans un camping, d’où il poursuit ses recherches. Le conservateur d’un musée lui apporte alors une piste sérieuse, qui lui permet de suspecter des similitudes entre l’enfance de Dali et la sienne. Aux mêmes causes les mêmes conséquences ? Dès lors, Clovis cherche à faire parler sa mère, fuyante sur le sujet. Il consulte des registres d’état civil et fait d’incroyables découvertes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Chaque diptyque de la collection Secret dévoile une enquête familiale passionnante et savamment enchevêtrée par un maître de l’exercice : Frank Giroud. Pour cette seconde partie, le scénariste ne fait pas défaut à sa réputation et conclue un « thriller » familial pantelant. Mais attention, pas un thriller avec des flingues et des courses-poursuites : en soi, il n’y a rien de transcendantal à effectuer quelques recherches généalogiques. En effet, il s’agit juste pour le héros Clovis de débroussailler les origines de sa naissance, de démêler un épisode insoupçonné entre ses parents et une autre famille (on n’en dit pas trop pour maintenir le suspens). Mais la manière progressive dont cela lui est livré et l’immense empathie qu’on éprouve pour le personnage, en raison de sa démarche volontariste de bien-être, incitent fortement le lecteur à s’approprier l’histoire. Certes, une petite idylle par-dessus le marché aide aussi pas mal à se fondre dans l’intrigue. Or, en marge de ses talents de raconteur d’histoire, Giroud a aussi le don de s’entourer d’artistes de grands talents. Ici, c’est l’ibérique Homs qui nous bluffe de son dessin semi-réaliste hyper chiadé et « moelleux », en raison de la douceur du trait et de la chaleur des couleurs. Pas une case qui ne soit peaufinée et expertement cadrée au sein d’un découpage dense et équilibrée. Une partition graphique de haute volée pour un auteur à suivre de près !