L'histoire :
Au lendemain du suicide de son père, Annette Picot tente de comprendre ce geste aussi tragique qu’inattendu. Elle fouille dans des archives, tente de récolter des témoignages et grâce à un vieil annuaire, elle finit par percer un mystère : la femme qui se fait passer pour sa mère n’est en réalité que sa tante. Elle s’empresse alors de demander une explication à celle qui lui a menti depuis 25 ans. Elle apprend ainsi les origines juives de la famille et l’arrestation de sa vraie mère, enceinte, durant la rafle du « vel d’hiv ». Cette dernière accouchait dans des circonstances troubles dans le camp de transit de Drancy, d’une petite fille sauvée in extremis de la déportation par une infirmière, Julienne. Julienne devait alors élever Annette, 2 ans durant, avant qu’à la fin de la guerre son père et sa tante ne retrouvent sa trace. Les circonstances aidant, son père épousait sa tante et donnait vie à une seconde petite fille, Hélène. Dès lors, les deux fillettes étaient élevées comme deux sœurs, et la douloureuse vérité sur l’origine d’Annette devait rester secrète, telle une écharde. Bouleversée par ces révélations, Annette n’est pourtant pas au bout de ses surprises…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nul besoin d’un flic ou d’un privé pour emmener une enquête palpitante : il suffit d’un simple secret de famille, révélé soudainement par un suicide inexpliqué. Avec la même passion qui anime les férus de généalogie, le scénariste Frank Giroud s’applique à découper les pièces d’un puzzle bouleversant, dorénavant complété par ce second tome. Comme pour la trilogie Le serpent sous la glace, Giroud rattache le destin de cette famille à une période dramatique d’avant guerre : la rafle du « vel d’hiv ». Parallèlement à ce passé recomposé en flashback, les investigations d’Annette se déroulent à une autre époque trouble : les évènements de mai 1968. La force de ces deux circonstances historiques trouve un écho terrifiant dans la tragédie vécue par Annette : le poids du temps a rendu la vérité d’autant plus poignante et inéluctable. En ce sens, la métaphore de L’écharde (le titre) prend ici toute sa mesure. Il en va de ce type de blessure comme pour les maux de l’âme : plus on attend pour les soulager, et plus les plaies s’infectent. Ce thriller familial, qui pourrait s’avérer glauque, est toutefois adouci par le trait réaliste et sensible de Marianne Duvivier. Hormis une légère tendance à représenter les personnages féminins la bouche-bée, le traitement graphique de la dessinatrice ajoute la touche de romantisme idoine à cet émouvant et palpitant récit.
