L'histoire :
A la fin du XIXe siècle, Tristan Paulin porte honteuse une sorte de minerve, comme une écharpe, pour dissimuler une cruelle difformité : il est né sans maxillaire inférieure (mâchoire) et ne peut donc articuler un mot. Il est néanmoins élevé avec amour par un couple qu’il croit être ses parents, des honnêtes bouchers parisiens qui lui offrent la meilleure des éducations. Très tôt, l’enfant manifeste de singulières dispositions pour la peinture. Il peint notamment avec du sang animal ! Son talent est alors repéré par Mathilde Maraval, une séduisante galeriste qui se met en tête de le révéler. Tristan en tombe éperdument amoureux… mais si cette dernière a beaucoup de tendresse pour l’artiste, elle se refusera toujours à lui. Au printemps 1900, un homme découvre pourtant un terrible secret sur les origines de Tristan : son « ami » Valère, qui se fait curieusement maître-chanteur auprès du père de Mathilde. Il réclame à ce Maraval, grand bourgeois, la somme de 25 000 francs, faute de quoi il fera éclater au grand jour le contenu d’un mystérieux dossier médical. Un soir, Tristan découvre ses parents assassinés dans l’arrière-boutique de la boucherie, a priori par un cambrioleur. Il ignore qu’ils ont été égorgés par l’homme de main de Maraval, qui a fait une bavure en tentant d’étouffer l’« affaire ». Alors que Tristan pleure sur la tombe des Paulin, sa tante Justine lui fait une incroyable confidence…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il fallait s’en douter : les révélations apportées par le premier tome n’étaient que des amuse-gueules à la lumière de cette suite riche en révélations ! Frank Giroud confirme une fois de plus son incroyable talent pour les thrillers palpitants, en délivrant comme promis les clés d’une intrigue à tiroirs, sophistiquée, mais d’une logique diabolique ! Ici, les secrets se présentent comme pour une partie de « taquin généalogique » : en se révélant, ils déplacent tout ce que l’on croyait acquis… et contribuent finalement à former un tout subtilement équilibré. Cette exquise mécanique est également à mettre à l’actif de Florent Germaine, un jeune scénariste avec qui Giroud s’est semble t-il livré à une sorte de ping-pong créatif. Or, étant donné que le dessin de Ruben Pellejero est aussi de très grande classe, ce diptyque est un nouveau chef-d’œuvre. En plus de savoir orchestrer comme pas un des récits captivants, le prolifique scénariste a décidément le don pour s’entourer des meilleurs. Le trait épais du dessinateur est d’une incroyable harmonie, s’agissant aussi bien des personnages, que du Paris de 1900, des bas-fonds sordides aux mirifiques décors de l’exposition universelle. Le rendu de la lumière, baignant la plupart du temps dans des tonalités carmin ou sépia, insuffle une ambiance feutrée somptueuse. Le premier tome a d’ailleurs reçu un prix du Patrimoine mérité en 2006. Chiche que le tome 2 le décroche à nouveau en 2007 !