L'histoire :
Au printemps 1982, l’argentine Ana profite de ses études en France pour poursuivre son enquête sur ses origines familiales. Elle est désormais persuadée d’avoir des liens de parentés avec Annette Picot, l’écrivaine qui a écrit le roman autobiographique La corde sous le pseudo Julienne Robert. De rendez-vous en rendez-vous, elle en apprend plus sur le passé de cette femme qu’elle soupçonne d’être sa demi-sœur. Annette a été abandonnée à la naissance, au moment de la rafle du vel’d’hiv. Or l’unique piste qui pourrait lui permettre de remonter jusqu’à sa mère naturelle, une certaine Germaine Daffroux, est murée dans un profond mutisme. Ana, quant à elle, soupçonne alors que les 5 chiffres qui l’obsèdent et qu’elle joue chaque semaine au loto, sont ceux d’un tatouage dans un camp de concentration. Sa mère a en effet toujours dissimulé ses avant-bras sous des tonnes de bracelets. Forte de ces convictions, Ana reprend aussitôt un avion pour Buenos Aires, bien décidée à faire parler sa mère. Elle est bien loin de se douter de la cruelle vérité…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Chapeautée par le scénariste Frank Giroud, la collection Secrets réunit des thrillers « à échelle humaine » reposant sur la découverte de secrets de familles. Toutefois, rarement les investigations généalogiques auront été aussi enchevêtrés que dans La Corde, diptyque lui-même cross-over et prolongation du précédent diptyque L’écharde. Ana l’argentine mène ici une enquête sur ses origines, qui prennent racines à une époque on ne peut plus trouble : des camps d’Auschwitz, à la guerre civile espagnole, pour aboutir à l’Argentine de Pinochet. De fait, lesdits Secrets sont si lourds à porter qu’ils peinent à se révéler à l’héroïne. L’intrigue se bâtit uniquement de discussions, de souvenirs, de témoignages, sans véritable « scène d’action »… mais les talents de narrateur de Giroud suffisent à nouer la tension. Quelques « facilités » un peu rocambolesques jonchent bien de-ci-de-là ce puzzle (le tatouage joué au loto ; la lecture du roman qui sert à relier les protagonistes…), mais au final l’histoire se tient et se révèle entièrement. Il faudra certes s’accrocher pour bien distinguer les personnages féminins – de la même famille et animées à plusieurs époques – qui se ressemblent toutes. Le dessin de Marianne Duvivier a beau être appliqué et besogné, il s’escrime à varier les expressions faciales et à jouer avec la palette idoine des émotions. Ce diptyque est chaudement recommandé aux fans de généalogie…