L'histoire :
Dans une villa à l’abandon, Fantasio est tranquillement en train d’écrire sur son ordinateur. Mais au moment où il s’en éloigne pour se resservir du café, une personne cagoulée pénètre dans la bâtisse et tente de copier le contenu de l’appareil sur une clé USB. Fantasio démasque rapidement l’intrus qui n’est autre que son ami Spirou tentant pour la énième fois de lire le roman qu’il est en train de rédiger. Spirou avoue être très intrigué par le fait que son ami refuse qu’il lise ne serait-ce qu’un extrait. Fantasio va même jusqu’à se cacher pour écrire ! Pour faire patienter son acolyte, Fantasio lui confie que son roman s’inspire librement d’une aventure qu’ils ont vécue ensemble et s’appellera La mauvaise tête. Un mois plus tard, Spirou est convié au journal Le moustique où une soirée est organisée en l’honneur de la sortie du tout premier ouvrage de l’un des employés du journal : Fantasio. Sur place, Spirou découvre enfin les premières lignes et comprend pourquoi son ami n’a pas voulu qu’il le découvre avant. En effet, Fantasio a modifié le récit afin de se mettre en valeur et d’en être le héros, en lieu et place de son copain de toujours ! Trois semaines plus tard et alors que l’ouvrage de Fantasio essuie un échec cuisant, Spirou et Spip retrouvent Seccotine dans un parc. Elle leur parle alors des derniers événements survenus au Bretzelburg et du coup d’état qui vient d’avoir lieu…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour leur version du célèbre groom et de son ami fantasque, les frères Makyo et Toldac prennent pour point de départ deux œuvres majeurs de l'ère André Franquin. D’un côté La mauvaise tête est l’occasion d’un roman signé Fantasio, puis d’une adaptation en film dans lequel les deux amis jouent leurs propres rôles. Le film est un gros carton et modifie les relations entre un Fantasio qui reste dans l’ombre de son ami et un Spirou qui récolte toute la gloire, alors que la célébrité ne l’intéressait pas. De l’autre, les deux frères prennent pour base l’album QRN sur Bretzelburg en imaginant un nouveau coup d’état : les militaires obligent les habitants bretzelburgeois à s’empiffrer du plat national hypercalorique, afin qu’ils soient trop gavés pour penser à se rebeller. Le récit est extrêmement drôle à lire, mais il pourrait déstabiliser ceux qui n’aiment pas qu’on égratigne l'image de Spirou. Pour peu qu’on accepte l’idée d’une (ré)interprétation personnelle du personnage, voire qu’on envisage qu’il peut être finalement aussi humain que n’importe qui, on passera en revanche un bon moment. De plus, les références aux albums de Franquin ne demandent pas de les connaitre sur le bout des doigts. Cet exercice pourra au contraire donner envie aux lecteurs de les (re)découvrir après coup. Pour mettre en images cet amusant récit, le duo a fait appel à Téhem. Cet auteur complet illustre pour la première fois le scénario d'un autre que lui. Il reste dans sa veine humoristique désormais bien connue. C’est donc Spirou et consort qui interagissent dans son univers et non l’inverse, mais ils restent cependant parfaitement reconnaissables. Qui plus est, son coup de crayon renforce encore le caractère humoristique de l’album. Un parfait contre-pied à la collection classique, en quelques sortes.