L'histoire :
Jeanne Duval... la Venus noire... la célèbre maîtresse de Charles Baudelaire. Qui était cette femme que le poète des Fleurs du Mal a tant évoqué dans ses vers ? Ange ou démon ? Perfide mulâtresse ou Muse enflammée ? On sait peu de choses sur elle : beaucoup pensent qu’elle est de Saint Domingue, mais est-ce vraiment la vérité ? Même son nom semble inconnu, puisqu’elle se fait tantôt appeler Duval, Lemer ou Prosper. Elle commence par des petits rôles au théâtre et c’est là que Charles Baudelaire s'est retrouvé envoûté par ses yeux immenses et sa beauté éblouissante. Quelques temps plus tard, le poète l’installe à la rue de la Femme-sans-Tête. Jeanne a compris sûrement, à ce nom, ce qu’attendait ce poète fou : c’est d’ailleurs ce que veulent tous les hommes. Son corps seul peut parler pour elle. Pourtant, elle va marquer Baudelaire à jamais dans une relation passionnelle et destructrice.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bernard Yslaire et Charles Baudelaire : une rencontre qui sonne comme une évidence. L’auteur de Sambre est certainement l’héritier du romantisme noir et de toute cette période enflammée du XIXème siècle. Il l’a annoncé : il fera un album en 2021 consacré à Charles Baudelaire à l’occasion du bicentenaire de sa mort. En attendant cet événement, Dupuis propose trois tomes de Cahiers rassemblant des esquisses et extraits de ce futur album. Quel bonheur de retrouver le graphisme exceptionnel de l’artiste. Ses crayonnés sont encore plus beaux que tout ce qu’il a pu faire auparavant ; et Jeanne Duval resplendit d’une force et d’une beauté inimaginables. L’un de nos plus grands poètes français (si ce n’est le plus grand) a magnifié et immortalisé sa maîtresse avec des mots d’une puissance sans nom. Yslaire a réussi à retrouver cette alchimie avec un style qui n’appartient qu’à lui. Et, ô surprise, il verse même dans l’érotisme. Comme le reste, il s'agit d'un érotisme poétique et enflammé. Ces cahiers sont une surprise visuelle à eux seuls, avec un superbe travail de pagination et quelques dessins aboutis qui marqueront les esprits. Pour le reste, difficile de se faire une idée puisqu’on ne lit que des extraits de planches ou des passages épistolaires de l’époque. Mais le sujet choisi, la relation entre Baudelaire et Jeanne Duval, a tout pour séduire tant il est plein de mystère et de moments forts et tumultueux.
« Que tu viennes du ciel ou de l'enfer, qu'importe,
Ô Beauté ! Monstre énorme, effrayant, ingénu !
Si ton œil, ton souris, ton pied, m'ouvrent la porte
D'un Infini que j'aime et n'ai jamais connu ? »