L'histoire :
Charles Baudelaire est étendu à côté de Jeanne Duval dans un lit, sous l'œil d'un chat noir. La jeune femme se lève et s'allume une cigarette. Le poète se lève et relit son poème. La nuit a été agitée et intense comme l'atteste les bouteilles de Bordeaux bues par le couple. La lecture réveille les ardeurs de la Vénus Noire... Paris, 31 août 1867. Les obsèques de Charles Baudelaire viennent de se terminer sou l'œil fatigué de Jeanne Duval, dont le corps ravagé tient à l'aide d'une béquille. La mère de Charles Baudelaire, Madame Aupick, n'aime pas la présence de cette femme et confie son désarroi à Monsieur Asselineau. Que venait faire la mûlatresse ici ? Pour elle, elle l'aura torturé de toutes les manières possibles et imaginables. Elle a dévoré son argent et voilà qu'elle demande un héritage, par une lettre qu'elle a reçue. Jeanne Duval est un mystère entretenu par Charles Baudelaire, chanté dans ses poèmes maudits, qui avait pour but de la protéger de sa mère. Jeanne Duval est née sous les Tropiques. Un ailleurs qui a inspiré la chevelure, l'un des poèmes emblématiques des Fleurs du Mal : « Tout un monde lointain absent, presque défunt, vit dans tes profondeurs, forêt aromatique...»
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Né le 9 avril 1821, Baudelaire aurait fêté ses 200 ans cette année. Le poète tourmenté dont Jean Teulé a écrit un portrait original baptisé Crénom Baudelaire a bercé les récitations de millions d'élèves avec son Albatros et ses Fleurs du Mal. Sa muse, c'était Jeanne Duval, surnommée la Venus noire. A vrai dire, on ne sait que peu de choses d'elle : beaucoup pensent qu’elle est de Saint Domingue, pour son nom, sinon c'est le flou artistique. Elle se fait tantôt appeler Duval, Lemer ou Prosper. Baudelaire la repère avec ses petits rôles au théâtre, envoûté par ses yeux immenses et sa beauté étourdissante. Tant et si bien qu'il habite avec elle, au 6 rue de la Femme-sans-Tête (rue Le Regrattier, aujourd'hui), sur l'île Saint-Louis, à Paris, l'emportant dans une passion destructrice. Qui mieux qu'Yslaire pouvait raconter cette histoire pleine d'amour et de noirceur ? L'auteur de Sambre dévoile strophe après strophe la relation intense et torturée qui les unit, avec ses mots pleins de lyrisme (au moyen entre autres d'un texte-off épousant les sentiments de La Duval) et son dessin romantique quasi victorien. Son trait est magnifié par des couleurs sépia et des doubles pages où les cases volent en éclat comme dans un carnet de voyage. Yslaire signe son entrée dans la Collection Aire Libre avec verve et fracas, révélant un portrait de femme passionnelle et passionnante d'une incroyable beauté érotique.