L'histoire :
Manchester, 1885. L’institutrice Elizabeth Griffith est une suffragette féministe, révoltée par la condition des enfants défavorisés qu’elle côtoie au quotidien. A cette époque, avec l’industrialisation galopante, le marché de l’immobilier flambe. Le propriétaire de la « New school » qu’elle dirige avec ses amis militants, expulse tout le monde, manu militari. Les enfants retournent à l’esclavagisme professionnel auquel ils sont la plupart du temps soumis, au dépend d’une éducation scolaire salutaire. Or, en marge de ce cataclysme social, elle doit enterrer son père, victime d’une subite attaque cardiaque. L’homme venait juste d’apprendre que sa seconde fille, Charlotte, comptait rester définitivement avec son époux en Inde, un pays qui lui était tabou depuis sa jeunesse. En effet, Sir Griffith était toujours resté silencieux sur son passé en Inde, où il avait autrefois fondé une colonie de thé, et d’où sa femme (la mère d’Elizabeth et de Charlotte) était revenue folle. Or, à l’issue de l’enterrement, un ancien ami de son père remet à Elizabeth un manuscrit épais, retraçant les évènements « secrets » survenus plus de vingt ans plus tôt à Dharmapuram. Curieuse de percer enfin l’omerta familiale, la jeune femme apprend que ses parents avaient alors participé à une chasse au trésor épique. L’expédition devait les mener jusqu’aux mythiques vestiges du temple de Khandapur …
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec sa série de Secrets, Frank Giroud a trouvé un filon narratif tellement fascinant qu’on aurait tord de lui en vouloir ! A nouveau proposée sous forme de diptyque, cette nouvelle enquête familiale menée par une jeune anglaise à l’époque de l’empire britannique colonial est (une nouvelle fois) immédiatement captivante. Giroud sait parfaitement doser le suspens et invite le lecteur à la grande aventure, en deux volets. Dans un premier temps on fait connaissance avec des personnages très crédibles, dans un cadre historique raffiné et parfaitement rendu. Puis l’épisode offre un long flashback, dans la grande tradition des récits d’aventures, qui constitue la problématique centrale pour l’enquête d’Elizabeth. Mais l’intrigue est extrêmement riche, et encore, Giroud n’a pas livré l’exhaustivité des pièces de son puzzle ! Au dessin, Michel Faure fournit un travail éblouissant, tout en couleurs directes. Peu avares en couleurs, les paysages, des rues de Manchester à la jungle luxuriante, sont sublimes. Et les protagonistes, subtilement saisis, ne sont pas en reste. Chaque case est plus réussie que la précédente… c’est un pur enchantement en 78 planches ! A l’image du mythique temple de Khandapur, qui n’a rien à envier aux meilleures représentations du genre : « évidemment » submergés par la jungle, les vestiges hindous sont perchés en haut d’un plateau rocailleux, comme une île perdue dans un océan végétal. Evidemment, l’unique pont de liane qui permet de le rejoindre se rompt au passage de nos aventuriers… Gargh ! Giroud embrasse sans hésiter les poncifs du genre, or c’est jubilatoire, on en redemande !