L'histoire :
La mère du petit Chaperon Rouge l’envoie livrer à sa mère-grand, à travers la forêt, une bouteille de gros rouge (et un petit pot de beurre, mais c’est un détail). Ce que remarque le poivrot local, tapi depuis un fourré. Ce dernier comprend que le Chaperon s’en va apporter du pinard à sa mère-grand. Or chemin faisant, la fillette se rince le gosier. Aussi le poivrot profite-t-il que le Chaperon cuve son pinard pour la devancer. Il espère que la vieille paiera son coup. Après avoir tiré la chevillette et fait choir la bobinette, la mère-grand s’avère effectivement de bonne composition – toutes les occasions sont bonnes pour vider une boutanche. Elle lui offre un coup de gnole « thérapeutique » : de la vodka-maison, confectionnée avec de l’éthanol et un glaçon. Le breuvage tape franchement trop pour le poivrot, qui préfèrerait du simple vin. Un coup après l’autre, la vieille finit par s’endormir. Le poivrot décide donc de se déguiser en mère-grand et d’attendre le chaperon. Etant donné que la gamine est ivre comme un polonais, elle n’y verra que du feu. La fillette finit par se pointer, non sans se prendre les doigts dans cette satanée chevillette…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Chez Fluide Glacial, on aime bien destroyer les contes de fées. Gotlib avait ouvert la voie dans ses Rhâââ lovely (et pas que)… Philippe Foerster a creusé la veine de versions glauques et psychédéliques dans les années 80, puis Relom dans les trashs années 2000 avec Andy et Gina, voire encore plus récemment Mo/CDM et Pixel Vengeur avec leur Trois petits cochons reloaded. Aujourd’hui, c’est Nena (au scénar) et Nicolas Witko (au dessin) qui déclinent Jacques et le haricot magique, Belle au bois Dormant, Blanche Neige, Boucle d’Or ou Peau d’âne, en Jacques et le haricot à trique, Bifle au Bois-Dormant, Planche-Neige, Bouffe-et-Dort ou Peau d’Aïl. Evidemment, si le contexte, les persos et la trame globale s’inspirent des contes d’origine, rien ne se passe exactement comme chacun s’en souvient. Et oubliez évidemment toute notion de morale dans ces parodies à vocation purement humoristique ! Les bonnes idées et les jeux de mots se nichent souvent sous la ceinture, mais ça n’est ni systématique, ni vulgaire… et la plupart du temps bidonnant, bien qu’un chouya irrégulier. Le dessin comique de Witko fait le job, à travers des expressions faciales barrées et une palette graphique volontairement terne, comme pour évoquer les vieux bouquins de mère-grand aux couleurs délavés. Les 10 contes remasterisés sont prépubliées dans le mensuel Fluide Glacial ; mais ils acquièrent une petite dimension supplémentaire une fois réunis dans ce recueil, en raison du running-gag du prince charmant (toujours le même looser).
