L'histoire :
La tension monte au sein du Grass Kingdom, village isolé et communauté autonome. Des révélations autour des relations entre Jen, l’ex institutrice, et Archie remettent en cause la théorie du suicide de la jeune femme. Humbert Jr, sheriff du village voisin de Cargill, mène l’enquête depuis des années sur une série de meurtres mystérieux attribués à un assassin unique. Il est persuadé que le coupable a trouvé refuge au sein du Grass Kingdom, où sa femme s’est par ailleurs enfuie, décuplant sa rage envers la communauté dirigée par Robert et son jeune frère. Mais malgré ses motivations personnelles, ne détiendrait-il pas une vraie part de vérité ? Les habitants autonomes savent qu’un affrontement de grande ampleur se prépare avec l’arrivée prévue des autorités fédérales. Les dissensions apparaissent à mesure que le doute s’installe sur l’intégrité d’Archie, les véritables raisons de la présence de Maria, le passé de Bruce au sein de la police. La défense s’organise malgré tout avec tous les moyens que le Grass Kingdom peut mobiliser, y compris en ayant recours aux services d’un ancien mercenaire réfugié sur une île voisine et doté d’un véritable arsenal d’armes de guerre. Tout est en place pour que, du chaos qui s’annonce, surgisse enfin la vérité.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En quinze épisodes à l’atmosphère très particulière, Matt Kindt et Tyler Jenkins ont construit une œuvre très originale, puissante et dense, comme seuls les comics contemporains savent les construire. Une narration lente qui reste captivante, et des effets de mise en scène très calculés, qui parfois n’ont finalement aucun rapport avec le récit… Mais sur le moment, l’effet est fort, utilisant avec habileté le découpage en épisodes (ou en trois tomes pour cette édition française). La conclusion de l’épopée de Robert et de sa communauté ne déçoit pas, les auteurs tiennent leur sujet depuis les premières pages, avec cette densité de personnages et cette fragilité graphique virtuose assez uniques. On est très loin de la BD grand public aux effets faciles, même si la technique déployée est aussi maîtrisée que la réalisation d’une série télé à succès. La relecture des trois tomes est indispensable pour apprécier la construction méthodique de l’ensemble, ainsi que la lente évolution des personnages vers leurs troubles intimes. La patte graphique de Tyler Jenkins est un atout majeur, façonnée sur une palette d’aquarelles subtiles, travaillées avec Hilary Jenkins dans ce dernier volume. Ses silhouettes incertaines rappellent les grands illustrateurs des années soixante-dix, les précurseurs comme Jeff Jones devenus cultes aujourd’hui. Un beau travail pour lecteurs matures, un très bel exemple du talent des auteurs américains actuels à l'écart de l’univers des super-héros.
