L'histoire :
Serbie, 1992. Sur un parking, Boris et Vladimir attendent leur ami Milan. Ce dernier revient d’un exil de cinq ans en Finlande. Mais à son retour au pays, Milan découvre une nation en guerre. Cela fait presque un an que la Yougoslavie est en guerre et que les populations Serbes, Croates et Bosniaques s’affrontent violemment. Au milieu de tout cela, Milan décide de partir un week-end à la chasse en compagnie de ses amis d’enfance. Mais les retrouvailles vont vite s’avérer être un prétexte pour Boris. Ce dernier fait passer des armes à l’armée et à la résistance yougoslave qui n’a qu’une seule ambition : faire reculer et tuer le plus possible de combattants musulmans yougoslave. Découvrant cette manigance, Milan décide d’abandonner ses amis, pensant que ce combat n'est pas le sien. Mais pris au dépourvu et se retrouvant au milieu des balles et des cris, Milan peut-il réellement rester les mains blanches ? Que faire quand vous êtes entouré de personnes ayant pris le goût de tuer ? Comment prendre parti dans un conflit dont vous n’aviez pas vraiment conscience mais qui, jour après jour, détruit votre pays de l’intérieur ? Ce sont les questions que Milan se pose tout en essayant de sauver sa peau.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Christophe Dabitch et Jorge Gonzalez signent un récit historique fort, sur une période trop peu connue du grand-public. Avec son histoire d’amitié retrouvée mais souillée par la guerre, Dabitch explore avec force la cruauté de l’Homme et son attirance irrémédiable vers la guerre et la soumission de l’autre. Les guerres de Yougoslavie sont certains des épisodes les plus meurtriers de l’époque contemporaine et Gonzalez retranscrit à merveille cette ambiance désespérée, presque horrifique avec un dessin tout en nuance de noir et blanc qui insiste bien sur le côté sale de ce conflit. Beaucoup de crimes de guerre et méfaits ont été commis de 1991 à 2001 dans les Balkans. En faisant de ses personnages principaux des civils, Dabitch illustre encore mieux la maxime « l’Homme est un loup pour l’Homme ». Capables des pires atrocités, les hommes se justifieront toujours au nom d’un drapeau, d’une patrie, d’une valeur à défendre, alors que toute cette haine coule dans les veines de beaucoup. La guerre n’est qu’un prétexte pour assouvir leurs plus bas instincts, Milan en est témoin. Grâce à ce personnage et à ce texte des plus nihilistes, le scénariste décrit parfaitement le moteur même de la nature humaine : la guerre. Les nations et les peuples se sont construits sur la guerre et les conflits et les plus humanistes tenteront toujours de s’y opposer… mais pour quel résultat ? Ces personnes sont-elles aussi destinées à devenir ce qu’elles jurent de combattre ? Milan ne l’espère pas, mais devra en faire l’expérience.