L'histoire :
Mai 1886, Albert Dadas, 26 ans, est ausculté par le Docteur Tissié, jeune interne en psychiatrie à l’hôpital Saint André de Bordeaux. Il lui raconte sa chute d’un arbre à 8 ans, son hospitalisation à la suite de cet accident. Tissié s’absente quelques instants de la salle de consultation, pour aller voir le professeur Pitres. À son retour, Dadas n’est plus là. Il s’est évaporé dans la nature. Tissié retrouve Dadas 3 semaines plus tard, assis sur un banc public. Celui-ci lui avoue qu’à la suite de leur entrevue, il est parti dans les Landes et à Pau. Dadas est atteint d’une étrange maladie : la folie du fugueur. Cette envie de prendre ses jambes a son coup, Dadas ne l’explique pas vraiment : « Tout d’un coup, j’ai très chaud, j’ai des suées, j’ai mal à la tête. Il faut que je marche absolument et après je ne me souviens de rien »… Tissié veut faire de cet homme le sujet de sa thèse et l’aider à vaincre cette étonnante maladie. Notamment en utilisant l’hypnose décriée par la pensée du moment adepte des thèses du docteur Charcot...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Albert Dadas est vraiment un cas à part dans cette France de la fin du XIXème siècle : cet homme qui prend ses jambes à son cou est pris pour un fou. Ses périples pédestres totalement involontaires (il peut parcourir jusqu’à 70 km par jour !) le mènent à des lieues de Bordeaux, son lieu de vie : Pau, Paris, Marseille mais aussi Liège, l’Algérie, Moscou… Bien au-delà de la simple analyse de cette maladie, Christophe Dabitch explore les méandres de cette histoire fascinante. Il s’attache tout d’abord à décrire la maladie mentale dont souffre le patient, avec des intermèdes exposant les points de vue de politiques, médecins, militaires, ayant croisé sa route. Ensuite, il se plaît à développer la symbolique de cette maladie en livrant une ode à la liberté, à l’aventure et au voyage. Durieux prend également le contre-pied graphique en allant là où on ne l’attend pas (« Je suis le Docteur Dr Jekyll et Mr Hyde de la BD », comme il se plaît à le rappeler dans le journal Sud-Ouest). Bien loin des lumineux Gens Honnêtes qu’il co-réalise avec Gibrat, il signe un dessin plus réaliste et plus nébuleux, rehaussé par des nuances chromatiques allant du noir au gris. A noter également, en fin d’album, un bonus signé Dabitch revenant sur cette singulière histoire vraie. Qu’on se le dise, Le Captivé est captivant à plus d’un titre !