L'histoire :
Dans Bruxelles occupée par les nazis, Philippe Cattoir, un jeune professeur d'histoire, est contraint par la force de guider un résistant vers la Grand Place, en utilisant les souterrains secrets de la ville. Il vont alors assister, cachés dans l'ombre du toit d'un des superbes bâtiments de la capitale, à l'arrivée d'Adolf Hitler lui-même. Le Führer est venu constater en personne que les éléments sont réunis pour découvrir un secret recherché depuis des siècles, celui d'Ars Magna. Une source de pouvoir, une arme absolue qui pourrait assurer 1000 ans de suprématie à celui qui la découvrira. Les évènements vont alors se précipiter : l'un des deux observateurs est découvert sous la lumière d'un projecteur, la fuite s'impose. Pour Philippe, il n'est plus possible de rester en dehors de la lutte qui s'engage entre résistants et occupants. Il doit oublier sa neutralité, et faire le choix le plus important de sa vie.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On va bientôt pouvoir écrire à l'avance les dialogues de ces albums de BD construits sur fond de secret caché pendant des siècles, que-si-on-le-découvre-ça-va-changer-la-face-du-monde. Difficile de lire sans recul cette énième version du parchemin mystérieux si on a quelque peu gouté les parutions BD de ces dix dernières années (à commencer par l'illustre Triangle Secret), ou le Da Vinci Code de la littérature populaire. C'est le très brillant Alcante qui s'y colle cette fois-ci, concoctant un scénario efficace mais pas trépidant, avec une vraie dose de grosses ficelles et de rebondissements improbables. Pour le lecteur aguerri, la différence entre un bon boulot de commande et un album dont on se souvient, réside dans la manière d'amener une intrigue devenue banale. A ce stade, le scénariste belge ne se distingue pas. Il construit des personnages qui n'ont pas de réelle épaisseur, et déroule beaucoup trop vite les éléments d'un suspense pas encore captivant. Tout cela tient debout, le dessinateur Jovanovic fournit de très belles pages de Bruxelles sous le troisième Reich (c'est Bruxelles qui est belle, pas le troisième Reich !), et maîtrise à la perfection les visages de ses personnages. Techniquement donc, rien à dire. Cet album pourra accrocher ceux qui n'auront rien lu des dizaines d'albums parus sur le même thème depuis 10 ans. Pour les autres, ce premier volume d'Ars Magna sera un moment agréable mais ne laissera pas d'empreinte. Et c'est avec la vigilance d'un résistant tapi dans l'ombre qu'on guettera l'apparition des deux tomes qui clôtureront ce triptyque.