L'histoire :
1897. Jonathan Harker, un jeune clerc de notaire, est en partance en Transylvanie pour conclure une vente immobilière avec un acheteur du nom de Dracula. Arrivé à quelques encablures du château de ce mystérieux comte Dracula, les villageois l’implorent de ne pas s’y rendre en arguant d’obscures peurs locales que le jeune clerc ne comprend pas et qu’il balaye rapidement. En effet, plus vite la vente sera conclue, plus vite il retrouvera la belle Mina avec laquelle il est fiancé. Mais après avoir été conduit au château du comte pour signer les documents de vente, Harker s’aperçoit petit-à-petit que son hôte est étrange : il est livide, maigre et possède une odeur fétide, comme s’il était mort ! Mais il y a pire : Jonathan semble être prisonnier dans le château du comte...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si le Dracula imaginé par Bram Stoker en 1897 fait les beaux jours du cinéma et de la littérature depuis une bonne cinquantaine d’années, force est de constater que les adaptations fidèles de l’œuvre du maître ne sont pas si nombreuses que ça. Tant et si bien que le personnage du vampire a été souvent galvaudé pour ne devenir qu’une ombre aseptisée de lui-même, à l’image du Frankenstein de Mary Shelley. Visiblement pleinement conscient de cette problématique, l’artiste Georges Bess a décidé de mettre sur pied ce Bram Stocker Dracula afin de présenter sa propre vision du vampire tout en rendant un vibrant hommage à Bram Stoker. Et le moins que l’on puisse dire c’est que c’est réussi ! Ainsi, dès les premières planches, on sent que Bess s’est approprié les personnages principaux de l’intrigue, notamment en ce qui concerne le sentiment de malaise qu’éprouve Jonathan Harker à l’égard de ce curieux comte Dracula ou l’arrivée du Docteur Van Helsing au chevet de la pauvre Lucy. Qui plus est, les dessins sont particulièrement réussis avec une approche artistique qui n’est pas sans rappeler les ambiances horrifiques des comics books des années 1970, comme les vieux Creepy ou Eerie. De plus, avec le choix du noir et blanc, le rendu graphique aux ambiances gothiques très prégnantes donne à l’œuvre une imagerie à la fois crue et poétique qui sied à merveille à l’œuvre initiale de Stoker. On sent que Bess a peaufiné ses illustrations et ses mises en pages pour véritablement coller à son sujet et apporter à sa narration une imagerie singulière, notamment dans les ellipses. Et même, si on peut retrouver ici et là quelques références appuyées au Dracula de Coppola de 1992 ou au Nosferatu de F.W Murnau (1922), notamment dans les traits hideux du vampire qui reprennent ceux de l’acteur Max Schreck, il faut bien avouer que Georges Bess reste plutôt fidèle au récit de Bram Stoker. En définitive, Bram Stoker Dracula est une œuvre remarquablement bien amenée qui retranscrit à merveille la vision du vampire par Stoker. Georges Bess a réalisé ici un travail minutieux au travers de cette adaptation BD et a capté l’essence du roman originel, sans jamais le dénaturer.