L'histoire :
Le royaume de Melniboné est dirigé par Elric, roi albinos souffrant, combattant au passé héroïque, qui a choisi pour son peuple une vie de paix. Son cousin Yyrkoon, prince jaloux évincé du pouvoir, conteste avec brutalité son autorité, et promet au peuple de nouvelles heures de gloire et de nouvelles batailles. La rivalité entre les deux hommes se concrétise lorsque trois intrus sont faits prisonniers en ayant réussi à pénétrer dans la ville, franchissant les labyrinthes d'eau qui entourent et protègent le royaume. Torturés par le Docteur Jest, ils avouent qu'une flotte de navires mercenaires sont en route vers Imrryr. La stratégie pour la bataille qui s'annonce est âprement discutée. Elric veut favoriser la ruse et tendre un piège aux assaillants, son cousin rêvant d'un assaut massif et frontal, quel qu'en soit le coût. A bord du même navire, les deux hommes livrent finalement bataille côte à côte. Elric démontre une nouvelle fois l'étendue de sa puissance et ses qualités de guerrier, faisant déferler sur l'ennemi les légions de Pyaray. Mais il sort épuisé de la bataille. Le peuple a néanmoins retrouvé l'image d'un pouvoir fort et uni face à l'ennemi. Jusqu'à ce qu'un évènement imprévu se produise, qui pourrait donner à Yyrkoon l'occasion dont il rêve depuis si longtemps...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette nouvelle adaptation de la saga de Michael Moorcock, qui a semble-t-il suscité l'enthousiasme de l'auteur anglais, est une véritable superproduction graphique aux résultats très convaincants. La conception de l'univers de Melniboné n'a rien laissé au hasard, réunissant le talent d'un dessinateur (Didier Poli), d'un encreur (Robin Recht) et d'un retoucheur et coloriste (Jean Bastide), pour aboutir à une cohérence et une puissance évocatrice remarquables. Cette approche rare dans la BD européenne, mais très fréquente dans le monde des comics, peut aboutir au meilleur quand les talents s'ajoutent, ce qui est le cas ici, avec un rendu final presque toujours homogène. Tout en affichant ouvertement les influences de Matthieu Lauffray ou de Philippe Druillet (excusez du peu), les dessinateurs réussissent des plans à couper le souffle, comme la sortie de la flotte de Melniboné vers le labyrinthe d'eau en page 19, sublime de lumière aveuglante. La force de l'intrigue de Moorcock suffit à tendre ce récit d'un fil rouge fondamental autour de la rivalité entre Elric et Yyrkoon. La qualité de la narration de Julien Blondel permet de développer les premiers ressorts de cette saga avec un vrai sens de l' équilibre, laissant leur juste place aussi bien aux scènes de bataille épiques, qu'à la cruauté du sort d'un Elric malade, sacrifiant des vierges pour sa propre survie. Cette première plongée dans l'univers du nécromancien est une entrée en matière réussie. Pleine de puissance, de luttes de pouvoir et de paysages fantastiques hors du temps, elle plaira aux amateurs d'heroïc-fantasy en BD.