L'histoire :
En ce mois de novembre 1768, Jeanne-Sophie de Sambre œuvre pour trouver le meilleur parti pour sa fille, c’est-à dire-celui qui la mettra à l’abri du besoin. Elle jette son dévolu sur le chevalier Von Dantz, neveu de son ennemie intime, Alexandra von Gotha. Mais Charlotte s’est entichée de Werner, un jeune orphelin dévot, protégé du Duc Goetz Von Gotha. Et si les deux jeunes gens vivent un amour aussi romantique que platonique, une telle union n’entre ni dans les desseins du protecteur de Werner, ni dans ceux de Jeanne-Sophie de Sambre, qui n’a dès lors de cesse de discréditer le jeune homme aux yeux de sa fille. Comme nécessité fait loi, elle décide, à l’issue d’un pari de plus de 3000 Ducats, avec Alexandra von Gotha, de séduire le jeune homme. Ainsi, peut-elle améliorer sa situation financière tout en donnant libre cours à ses sens. A l’issue d’une partie de chasse, elle s’invite donc dans le bain du jeune homme et s’arrange pour que sa fille et la duchesse Alexandra soient les témoins privilégiés de la scène…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La guerre des Sambre est de ces albums qu’il faut prendre le temps de lire et de regarder. Tout d’abord, il y a le dessin superbe de précision, de finesse et d’élégance de Marc-Antoine Boidin, qui sait parfaitement mettre en images et en mouvements des personnages tout droit sortis des Liaisons dangereuses de Pierre Choderlos de Laclos ou de Barry Lyndon de Stanley Kubrick. Les intrigues et les libertinages des personnages prennent une dimension (presque) esthétique. Mais au delà de l’apparence, tous les sentiments de la comédie humaine sont là et Marc-Antoine Boidin est de ceux qui savent leur donner forme humaine : Jeanne-Sophie est remarquable de cynisme et de machiavélisme, Charlotte est émouvante de naïveté et de fragilité. De plus, la mise en couleur est superbe, notamment dans les ombres et les maquillages qui renforcent la théâtralité des personnages. Toutefois, l’habileté seule d’un dessinateur ne saurait faire d’un bel album… un très bon album. Il faut que le scénariste puisse donner à l’ensemble cohérence et cohésion. Or à ce jeu, Yslaire fait preuve d’une parfaite maîtrise. Il sait insuffler à son récit le rythme et la profondeur qui conviennent. L’emploi du récitatif pose les scènes, dans lesquelles les personnages n’ont plus qu’à évoluer. L’ensemble s’enchaîne avec fluidité et évidence. Une série superbement racontée et merveilleusement illustrée.