L'histoire :
Louise-Marguerite écrit à sa mère. Seule avec son fils François, enceinte dans une prison révolutionnaire appelée la prison des oiseaux, la jeune femme se remémore les temps passés depuis leur fuite du château d’Arras, cinq ans auparavant. Elle attend dans la tristesse son exécution et celle de François. Maxime l’a abandonnée à son triste sort. Alors qu’elle accouche, François s’aperçoit que son frère jumeau, l’aveugle tourmenté Titienne, est mort dans son lit. Le destin aurait pu être différent, mais Maxime, au moment de fuir, avait souhaité aller à Versailles voir le roi, puis à Paris. Il attend que le courroux populaire se calme, alors que Louise voudrait qu’ils fuient la France, avec les autres émigrés. Mais, proche encore plus de Robespierre que du roi, Maxime tente de jouer ses cartes. Pendant ce temps, Josepha, enfermée dans un couvent, en est libérée par Théroigne de Méricourt, qui la libère de ses vœux, au nom du peuple. Elle est rebaptisée Josepha Larouge par la révolutionnaire, sous l’œil furibond de Constance…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Fin de la troisième trilogie de la Guerre des Sambre, génération de cujus. Maxime, qui a eu une enfance dramatique, battu et violé par son beau-père, est lui-même devenu un salaud de la pire espèce, délaissant femme et enfants pour courir les bordels. Il retrouve son amour d’enfance, Josepha, qui se trouve un destin comme porte-parole du droit des femmes... un peu trop en avance pour son époque. Mais aussi, il retrouve sa sœur de lait Constance, amoureuse de lui depuis toujours, et qui va essayer, à sa manière, de le reconquérir… Les amours se croisent dans Paris sous la terreur, et elles ne sont jamais belles ni romantiques. Sambre, égoïste et opportuniste, glisse doucement vers des renoncements de plus en plus énormes, de moins en moins humains. En face, son fils François, lui, fait preuve de détermination et d’esprit chevaleresque. Les caractères se croisent, et la malédiction des Sambre n’a pas atteint le jeune François, qui sera un Collet des Vignes. Yslaire continue d’explorer l’âme humaine, les secrets familiaux, la transmission, mais aussi la capacité de chacun à faire les bons ou les mauvais choix. Encore une fois, on atteint les tréfonds de la médiocrité, de la veulerie, de la bassesse. Encore une fois, le lecteur est gêné, même si l’enfant apporte un peu de lumière, tant les personnages sont unanimement pourris. Surtout du côté révolutionnaire, d’ailleurs. Le populo est dépeint de manière sauvage et violente dans ce portrait collectif de la révolution, et les seuls qui trouvent un peu grâce aux yeux de l’auteur sont les membres de la famille des Vignes, même si la mère est particulièrement agaçante dans son rôle de pleurnicheuse… Même si les récitatifs sont très nombreux et pas toujours très agréables à lire, la faute à une typographie qui se veut trop proche de l’écriture à la main, le scénario est une nouvelle fois haletant, et l’histoire passionnante. Les assidus de la saga auront des réponses à des questions qui se posaient ailleurs, notamment dans Hugo et Iris. Les dessins de Marc-Antoine Boidin, précis et clairs, sont un émerveillement de chaque instant, même lorsqu’il faut peindre la bêtise et la méchanceté dans la physionomie des gens. Certaines cases sans parole sont magiques, comme celle de Maxime seul sous la pluie, après avoir été éconduit par Josepha… Ce chaînon manquant est beau et bon, dur et sans pitié. Avis aux amateurs !