L'histoire :
A la mort de ses parents, Iannis Klinkert hérite d’une place au sein du « Cercle de Minsk ». Fondé au sortir de la seconde guerre mondiale par 6 idéalistes ayant mis par hasard la main sur un trésor nazi, ce groupe atypique souhaite utiliser cette fortune pour bâtir une République idéale. En attendant que toutes les conditions soient réunies et que le pays soit choisi, tous les 5 ans, un inventaire de la fortune est réalisé au siège de la banque suisse qui abrite le magot. D’abord peu intéressé par ce projet, Iannis y prend part, contraint par un enchainement d’événements. En particulier, une mystérieuse organisation est déterminée à l’empêcher de rencontrer les autres membres du groupe, et cela attise sa curiosité. Après de biens nombreux drames et péripéties, le Cercle parvient à se réunir et à choisir enfin un pays pour réaliser le projet initial. Mais rien ne se déroule comme prévu : le magot n’existe plus. En effet, deux des membres ont dilapidé la fortune pour, à leur manière, faire bouger l’Histoire. Acculés, les deux traitres enferment dans une pièce hermétique leurs anciens amis, en prenant soin d’ouvrir une vanne d’eau pour qu’ils périssent noyés. L’eau monte. Utilisant son briquet pour bruler une toile de maître (vestige de l’ancien trésor), Iannis déclenche le système incendie directement relié au poste de police et à la caserne des pompiers. Il s’en est fallu de peu, mais tous s’en sortent indemne. Il est alors temps de passer à l’action : il faut mettre la main sur les traitres, pour les juger selon les règles édictées par les membres originels du Cercle de Minsk. Une mascarade à laquelle Iannis se refuse de participer…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir parfaitement ajusté le climax de la série dans l’opus précédent, Frank Giroud se livre ici à un simple exercice de conclusion. Et si l’art du scénariste lui permet de faire le travail sérieusement, ne cachons pas plus longtemps qu’une ultime pirouette ou un petit départ de piste, voire un renversement, même modeste, nous aurait comblés. Point de tout ça, donc, mais un récit pour autant dense et captivant. Ainsi laissé avec ses malheureux compères dans une bien mauvaise posture lors du tome précédent, Iannis remue à nouveaux ciel et terre : trajets multiples, coups de feu, coups de poings, pour retrouver ceux qui ont trahi le pacte originel du Cercle. Seul piment concédé par le scénario : la divergence d’intentions à l’égard des traitres, entre Iannis et les autres membres. Tout ça fonctionne très bien : avec rythme, action, crédibilité et sans manichéisme béat. Au-delà, les développements de l’intrigue nous auront permis, au fil des 5 tomes, de porter un regard sur les conséquences d’un idéalisme chevillé, opposé avec assez de réussite au réalisme de terrain du principal héros. S’il ne signe pas ici sa meilleure série, Frank Giroud livre un bon récit d’aventures et d’action. Comme il aime le faire, il ne se prive pas d’utiliser le tison de l’Histoire ou les psychologies et trajectoires vallonnées des personnages, pour nous jeter dans ses filets. On regrettera peut être l’orientation choisie. Si l’on se réfère, par exemple, à que ce qui était annoncé en couverture (« Et si l’avenir de l’humanité se jouait à une lettre prés ? »), on peut trouver l’accroche un peu exagérée. De même, on aurait apprécié que certaines pistes mènent à quelque chose de plus consistant. Ici encore, le trait de Jean-Marc Stalner se montre au tempo des intentions du scénario : réaliste, dynamique, simple et d’une parfaite lisibilité.