L'histoire :
De nos jours, l’ancien islamiste intégriste Merwan Khadder poursuit son enquête sur le livre Nahik et le mythique Décalogue musulman. Après avoir tué l’écrivain et chercheur Halid Riza – et avoir exécuté involontairement la fatwa lancée à son encontre – il est entré en possession de la synthèse de ses recherches, conservées précieusement dans une banque suisse. Or, il est aussitôt enlevé par un commando armé œuvrant au service… du Vatican ! Emmené à Rome, il se réveille dans une chambre confortable mais néanmoins verrouillée. En attendant de rencontrer ses ravisseurs et de comprendre leurs intentions, il poursuit la consultation des documents de l’écrivain. Notamment, au sein d’une lettre testamentaire écrite à sa sœur, Riza y raconte comment il a poursuivi en 1958ses investigations en Egypte. A l’époque, Riza prend soin de mettre en sécurité les écrits de Yacub et les scarabées gravés de la dernière sourate, dans un coffre emmuré dans les archives du musée du Caire. Il conserve néanmoins le plan du labyrinthe de Thot, cette cité secrète du désert où Mahomet aurait rédigé et caché son Décalogue. Puis il fait une alliance de circonstance avec le professeur Farag Idriss, éminent spécialiste mondial des versets « oubliés » et du Coran originel. Riza discerne néanmoins qu’en dépit de son érudition, l’homme reste fortement attiré par les feux de la notoriété. Grace à ce dernier, il fait la connaissance de Shelley McGuire, une américaine comblée de talents, de culture et… de charmes !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A travers le Légataire, Frank Giroud poursuit le développement du vaste puzzle historico-religieux mis en place par morceaux anté-chronologiques au sein du célèbre Décalogue. En fait, non seulement le Légataire est un prolongement contemporain de ce thriller à tiroirs passionnant, mais il permet surtout d’en révéler les zones d’ombres. Pour ce faire, la série revient successivement sur le cheminement de différentes reliques d’importance : le livre Nahik, l’omoplate de chameau, les aquarelles de Desnouette, les scarabées gravés et le parchemin originel sur lequel aurait été rédigée la 10e sourate de Mahomet. Le duo Joseph Béhé et Camille Meyer assurent la partition graphique, sur un style désormais bien rôdée mais peu spectaculaire, sorte de jonction entre la sagesse d’une ligne réaliste classique et un traitement artistique plus moderne. Cette fois, le lecteur avisé devra s’imprégner auparavant des tomes 3 (Le météore), 9 (Le Papyrus de Kôm-Ombo), et 10 (La dernière sourate) de la saga mère. L’intrigue du Labyrinthe de Thot entremêle alors deux époques. Contemporaine, la première met en scène Merwan Kaddher, prisonnier du Vatican. Dans ce contexte de captivité, le jeune héros étudie les mémoires d’Halid Riza, en flashback (les années 50, en Egypte), qui constituent le cœur des révélations de la seconde. On en apprend à nouveau beaucoup (mais il y a tant à dire), les éléments s’imbriquent de manière parfaitement cohérente, en dépit de rebondissements un peu précipités ou outranciers (le revirement soudain d’Idriss et l’enchainement tragique de ses conséquences). Un casse-tête palpitant !