L'histoire :
Au moment où les autorités traquent un tueur en série qui fait des ravages dans la citée indienne de Bénarès, le journaliste Mircéa s'est lancé à la recherche de son beau-père Deepak. En pénétrant dans un temple, Mircéa a alors basculé dans un monde parallèle qui ressemble à l'enfer, où le temps et l'espace n'ont pas les mêmes échelles. Là, des entités abominables et chtonniennes lui expliquent qu'ils sont des vampires, qu'ils président à toutes destinés sur Terre, notamment en infligeant mille maux à l'humanité. Ils l'aspirent alors en leur sein et font de lui un vampire. Pendant ce temps, dans le monde cartésien, la vie suit son cours. Notamment, la fête de la Kumba Méla bat son plein, avec quelques soixante dix millions de pèlerins venus se baigner dans le Gange. La nuit venue, quelques gamooshs venus de la ruche vampirique Déva font un carnage parmi les campeurs... Lorsqu'un léviathan titanesque apparaît et éradique tous les gamooshs ! C'est Mircéa, devenu lui-même un vampire très puissant. Cela fait, il rend une petite visite à sa fiancée Anji et lui explique ce qu'il est devenu : une abomination qui a conservé tout son égo, toute sa conscience...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Suite et fin d'une trilogie d'horreur pure qui avait pourtant commencé sous les meilleurs auspices, mais se termine dans le gloubiboulga satanique le plus trivial, sans grand intérêt. Ce dernier opus se situe en effet dans la suite logique du tome 2, qui avait déjà désarçonné par l'optique ultra-fantastique prise par l'intrigue. On se demande franchement quelle était l'intention de Georges Bess avec cette balade commentée à travers les enfers. Son magnifique dessin réaliste brille en effet moins à mettre en scène des décors décharnés, abstraits et imaginaires. Et lors des séquences cartésiennes dans Bénarès, la visite culturelle vaut certes le détour, mais elle tourne court... Quant au dénouement à proprement parler, il ne révèle aucune prouesse narrative : on doit juste endurer un long soliloque ésotérique réitéré, qui se conclut par un zest de manichéisme judéo-chrétien très décevant (« nous cherchons à répandre le mal »...). Peut-être était-ce surtout une envie de dessiner des paysages dantesques et d'intercaler quelques oeuvres numériques abstraites ? Reste aussi l'incroyable bestiaire de monstres et d'entités maléfiques polymorphes, effectivement riche et particulièrement chamarré... Mais enfin, pour une trilogie dans la belle collection Graphica, c'est un peu court !