L'histoire :
En 1944, sur le front Est, Heinrich Augsburg gît au milieu des cadavres de soldats allemands. Pas vraiment mort malgré le froid et la neige alentour, il se remémore la belle Rebecca, une femme qu'il a juré d'aimer pour l'éternité. Alors que des soldats russes dépouillent les cadavres, l'un d'eux trouve une photo, celle de Rebecca, dans l'une des poches d'Heinrich. Cela a pour effet de redynamiser l'allemand qui se relève subitement. Le soldat ne perd pas un instant et lui tire une balle en pleine tête... Une ultime pensée assaille Heinrich avant qu'il ne meurt, celle où il laisse la Gestapo emmener Rebecca... L'impression de chuter... L'enfer, c'est là où l'allemand reprend conscience. Non loin de lui, des morts-vivants s'amusent à tuer les nouveaux arrivants. Un vaisseau approche alors. Il en descend un individu en armure, un vampire. Heinrich se range aux côtés de ce dernier et alors qu'il est blessé, sa nature vampirique apparaît clairement. Deux années passent, Heinrich n'est plus, il a laissé la place à Requiem...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On a pu faire la connaissance d'Olivier Ledroit et de son style graphique inspiré d’illustrateur comme John Howe ou Bernie Wrightson, alors qu'il illustrait les premiers albums des Chroniques de la Lune Noire. Après une première collaboration avec le scénariste britannique Pat Mills sur Sha, le duo se retrouve au début des années 2000 pour créer la série Requiem dans leur propre structure éditoriale : Nickel. Après onze albums (sur quinze prévus initialement), la maison d'édition raccroche. Ce sont finalement les éditions Glénat qui vont proposer la suite de la série. Avant cela, l'éditeur grenoblois réédite les précédents albums en leur offrant un nouvel écrin des plus soignés, agrémenté de quelques bonus et de couvertures inédites. Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas encore Requiem, il s'agit des aventures d'un nazi nommé Heinrich qui, une fois tué, va débarquer dans les enfers et devenir un vampire. Rongé par l'amour qu'il porte pour Rebecca, une belle jeune femme juive qu'il a laissé aux mains de la Gestapo lorsqu'il était encore vivant, il ne pense qu'à la retrouver. Cette histoire d'amour un brin cabossée est le seul espoir que l'on peut entrevoir dans ce titre au décorum infernal éprouvant et horrifique. Pat Mills est un auteur au talent reconnu, nous pouvons le voir à l'œuvre sur La Grande Guerre de Charlie ou sur Judge Dredd notamment. le monde qu'il a ici imaginé brouille tous nos repères. Dans celui-ci, on ne vieillit pas, mais on rajeunit ; les jours reculent et n'avancent plus. Et puis il y a ce héros, Heinrich, qui cultive les ambivalences. Ledroit illustre le récit avec un trait d'une minutie incroyable. Véritable architecte des limbes, le dessinateur offre un visuel d'une richesse aussi incroyable qu'éprouvante. Gothique, pourpre et d'une noirceur démesurée, les 48 pages de cet album sont une plongée au milieu d'un cauchemar aussi effrayant qu'envoûtant. Parsemé de petites touches d'humour, ce premier album de Requiem rend la mort encore moins accueillante que tout ce que les textes religieux ont décrit. Une descente en enfer jubilatoire !