L'histoire :
Dans la forêt de Saint Leu en Rouergue, en ce début mars 1763, une louve affamée s’approche d’un piège sans le voir ni le sentir. Lorsque la mâchoire en fer se referme, il est trop tard. Un peu plus tard dans la matinée, un chien rapporte dans sa gueule un morceau de patte, que son maître identifie comme celle d’une grande louve, sans doute la femelle du vieux loup piégé il y a quelques jours. Avec Janot, ils se mettent aussitôt en quête du reste de la carcasse. En arrivant sur les lieux où le piège était posé, l’animal a disparu. La louve, comprenant qu’elle était perdue, s’est rongée la patte pour se libérer des mâchoires de fer. Avec un molosse à ses trousses, elle n’ira pas loin. C’est au pied d’un arbre la dissimulant partiellement, en train de nourrir ses loupiots, que la traque s’arrête. Babine retroussée et crocs en avant, elle se jette sur le chien, ses petits encore suspendues aux mamelles. Le chasseur s’interpose soudainement et, ne lui laissant aucune chance, il lui plante un pieu de bois dans le poitrail. Les deux hommes s’empressent de récupérer les petits avant que leur chien ne les bâfre… Ils gobent au passage les yeux de l’animal terrassé, sensés donner la vision nocturne. À la fin du mois, dans le village de Racleterre en Rouergue, la maison Tricotin est en pleine agitation. Au beau milieu de la nuit, Apolline réveille son mari Clovis pour qu’il aille quérir la mère Bienvenu, le temps de la délivrance étant venu…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette adaptation du roman de Michel Folco, Un Loup est un Loup, retrace la vie des « cinq épateurs de Racleterre » improbables quintuplés rebelles dans la province du Rouergue au XVIIIème siècle. Le défi est ambitieux tant le roman est truculent et parfaitement maitrisé. Pour réussir ce tour de force, Pierre Makyo adapte l’histoire, Fédérico Nardo la dessine, Antoine Quaresma la colorise. Cette collaboration offre un résultat à la hauteur du modèle. On retrouve la rusticité qui faisait déjà le charme du roman, avec le vieux français de mise et une représentation de la vie à l’époque, qui sonne particulièrement juste. La mise en images, nette et lumineuse, offre de beaux paysage et des personnages avec des gueules bien de leur temps, qui parfois crèvent la page par leur intensité. Comme lorsque la mère Bienvenu lâche ses ordres, voyant arriver le troisième bébé, avec une expression dans le visage qui transmet si bien l’urgence et la force de ce moment. Dans ce premier tome, le décor est posé, avec une naissance inattendue, suivie de près par un duel encore plus inattendu qui laisse présager que décidément, cette famille d’apparence simple, recèle des ressources pour le moins vivaces ! L’adaptation colle de très près au modèle, les images lui donnent corps pour un album riche, taillé sur mesure pour rendre hommage à cette fratrie, dont le meneur, Charlemagne Tricotin, fera bientôt connaître son zozotement bien au-delà des murs de Racleterre…
