L'histoire :
Sur la place principale d'un petit village, entre l'église et le troquet, non loin de l'arbre et de la fontaine qui trônent en son centre, un groupe de gosses forme un cercle. En son centre, la petite Alice. Les cinq bambins qui l'entourent entament une chansonnette destinée à l'humilier : « Ses jambes toutes maigres ressemblent aux pattes d'un oiseau, ses habits sont trop petits... ses cheveux ressemblent à un nid... C'est pas une fille, c'est un moineau ! ». La petite Alice est figée, elle baisse les yeux et sa soumission ne fait qu'attiser la méchanceté de ceux qui s'en prennent à elle. « Elle est tellement bête que sa mère est devenue folle de tristesse ». Un garçon ajoute, avant que tous se mettent à rire d'elle : « Elle ne pouvait pas supporter d'avoir une fille aussi ratée ! ». Maria, la patronne du bar, s'aperçoit du petit manège et fait déguerpir la bande de vauriens. Elle console la gamine, l'incite à aller plus souvent à l'école car elle n'a rien d'une idiote. Elle remplit un sac de victuailles en chargeant Alice de le ramener à sa mère. Sa mère est souffrante, enfermée dans un mutisme qui dure depuis longtemps...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec Punch !, les éditions Kinaye proposent une collection qui comptera 4 albums édités au format souple et en format court (ici, 32 planches et un cahier de notes). Une heureuse initiative, qui renoue avec le fait que la BD est destinée à être populaire, puisque chaque numéro est proposé à 5,90 €. Ces 4 récits complets seront repris en album, mais les fascicules font l'objet d'un tirage unique, sans support digital. La saison 1 est consacrée au thème de la nature. Moineau nous emmène ainsi dans un petit village au sein duquel Alice, une petite fille, est bien malheureuse. Tête de turc du reste des enfants, gamine vouée à elle-même car sa mère est prostrée, elle va rencontrer une vieille dame qui vit dans les bois et que les gosses redoutent, pensant qu'elle est une sorcière. Elsa Bordier sait évoquer les sujets qui touchent à l'intimité, comme elle l'a démontré avec Cher corps. Alors elle n'a aucun mal à nous embarquer dans ce récit intimiste qui, symboliquement, réunit deux sauvageonnes : une haute comme trois pommes et l'autre que les années ont voûtée. Moineau est un joli récit, qui nous parle de différence et de tolérance, de la solidarité intergénérationnelle et de rencontres salvatrices, puisque la môme va trouver une affection que sa mère ne peut plus lui donner à cause de la maladie. Avec un ton qui ne tombe jamais dans le mélo, Moineau nous parle aussi d'espoir... et de l'amour sans lequel on ne peut pas bien grandir. Celui qui nous nourrit, quelque soit notre âge. Sourya Sihachakr, quant à lui, s'éloigne radicalement du registre hardcore des récits qu'il a illustrés pour la série DoogyBags puisqu'il campe des décors ruraux plein de couleurs vives, quand ses personnages trouvent tout de suite leur identité graphique. A l'instar de son prédécesseur, ce second volet de la collection plaira aux petits comme aux grands.
