L'histoire :
Un grand critique d’art, Wladimir Barryl Debruth, a une idée de génie. Il veut confronter deux artistes très différents pour la promotion de son magazine. Il pense interviewer en même temps le plus connu et réputé des artistes modernes, Jean Ralphio de La Loire, et un artiste totalement inconnu. Malheureusement, Wladimir ne connaît pas d’artiste minable qui ferait l’affaire. Le stagiaire Rudy Haleine se présente et s’estime capable de trouver ce fameux « minable grandiose ». Rudy pense bien évidemment à Alexandre Pompidou, fils de boucher et peintre de la viande. La vie d’Alexandre est terrible de misère et de tristesse. L’arrivée de Rudy risque de tout changer. Mais est-ce vraiment une chance pour Alexandre ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après un premier tome qui présentait ce fameux peintre (vraiment ?) raté Alexandre Pompidou et sa famille, le tome deux se consacre à une toute autre intrigue. Bien malgré lui, Pompidou va rentrer dans la cour des grands pour connaître le succès. Dans des scènes de plus en plus loufoques, notre antihéros va découvrir l’envers du décor de l’art : riches impresarios, magouilles ou corruptions, le star système, gardes du corps violents, vernissages hypocrites… Bien plus art de la mise en scène et du m’as-tu-vu, la peinture moderne est vide de tout talent et d’intelligence et fonctionne sur la recherche de l’argent et du succès facile. La critique se fait très amère quand le critique d’art (profondément imbu de lui-même) a l’idée douteuse de réunir les extrêmes en art : la vedette et l’artiste maudit. Ce choc des cultures et de vie sociale laisse un goût désagréable de réalisme social. En effet, la vie sordide d’Antoine ne prête pas vraiment à rire quand on sait que c’est le quotidien de bon nombre de parisiens… Pendant qu’Antoine crève la dalle (en vendant 700 de ses toiles, il pourrait manger pour le mois !), d’autres artistes se gargarisent de leur « art » en l’évoquant avec des termes obscurs et creux. Jean-Luc Cornette n’épargne personne, de la vulgarité des petites gens aux mesquineries de la haute, tout le monde en prend pour son grade. Est-ce à dire que Cornette ne peut pas voir les artistes en peinture ? Heureusement, on bascule vite dans la caricature et l’humour, un peu gras parfois. La force du récit tient surtout à son originalité : entre l’humour féroce, la satire sociale, la dénonciation des milieux artistiques et l’aventure, la série oscille et joue sur plusieurs genres, de façon plutôt maîtrisée. A l’image d’un scénario méchamment dénonciateur, le dessin est crasseux et surchargé, comme pour mieux salir l’art qu’il dénonce. « L’art, mes amis, l’arrrrrrt ! Celui avec un grand R. Celui qui dessine d’un geste majestueux ses lettres d’urrranium salvateur dans le silence glacial de l’inclinaison dictatoriale »… Tout est dit.