L'histoire :
Le photo-reporter Seb Christie en a apporté la preuve : une nouvelle évolution de l’être humain est en train d’essayer d’éradiquer l’ancienne espèce, nous autres homo sapiens, qui régnons sur terre depuis 170 000 années. D’ailleurs, lors de ses recherches sur la supériorité de la race aryenne durant la seconde guerre mondiale, le professeur Bergholm avait déjà établi que l’homo sapiens avait organisé un véritable génocide sur le néanderthalien… et que ce processus radical avait de forte des chances de se reproduire. L’« homme nouveau » qui fomente aujourd’hui est moins émotif et dispose d’une capacité de réflexion et surtout de facultés sensorielles accrue ! Mais en dépit de ces nouvelles facultés, remplacer 6 milliards d’êtres humains n’est pas chose aisée. Les « inhumains » ont donc décidé de monter des ethnies antagonistes entre elles, à force d’attentats terroristes, et de laisser les instincts autodestructeurs humains faire le reste. Or, la publication des photos de Seb et son intervention pour empêcher un nouvel attentat, ont mis leur plan à mal. A la tête des inhumains, Adana, qui avait imaginé ce plan, est alors assassinée par Lucrèce et ses alliés, artisans d’une solution plus expéditive : la fonte nucléaire des glaces antarctiques, le déluge de tsunamis successifs, l’immersion définitive de 20% des terres émergées, bref, le chaos. Pendant ce temps, Seb, dont le sang a été contaminé par celui d’India Allen, une inhumaine, sent que son corps change, qu’il commence à voir le monde autrement et qu’il est inexplicablement et irrésistiblement attiré par son ennemie d’hier…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce quatrième tome, les auteurs mettent un terme au premier cycle d’un thriller d’anticipation philosophique très intéressant… mais aussi laborieux. En effet, si les thèmes abordés et l’orientation générale du synopsis sont éminemment captivants – il s’agit tout de même de la place et de l’avenir de l’être humain sur Terre, rien de moins ! – le rythme du récit est bizarrement décousu. Par exemple, à chaque opus, en plein développement, le scénariste Stephen Desberg re-focalise sur des séquences déjà vues, comme pour consolider les bases de son propos. Le développement de l’intrigue passe alors par des alternances de scènes dont le sens n’est pas toujours évident, mettant en scène des acteurs relativement figés… et très ressemblants (on ne compte plus les sosies d’India Allen !). Si Francis Vallès a déjà prouvé ses talents de dessinateur sur les Maîtres de l’orge, on ne retiendra guère Rafales pour enluminer son œuvre. Certes, sa patte réaliste est toujours efficiente, les décors sont soignés et les proportions respectées. Mais qu’il s’agisse de mettre en place une scène d’action et le résultat est poussif, voire incohérent (mais où est passé le revolver braqué sur India p.33 ?). On note également une incohérence scénaristique de taille : comment l’homme de demain, présenté comme un aboutissement naturel emprunt de sagesse pour sauver la planète des dérives suicidaires humaines, peut-il décider la destruction de l’antarctique et le déluge, pour parvenir à sa domination ? Les zones d’ombres sont encore nombreuses et mériteraient d’être développées dans un second cycle (Pourquoi les fils d’Adana sont-ils de « races » différentes ? Comment le « gène » de l’évolution a-t-il pu se transmettre à Seb ?), avec un effort porté sur la narration…