L'histoire :
En 1811, le vice-chancelier de l’université d’Oxford est furibond. Un impudent étudiant a osé lui dédicacer son traité intitulé « De la nécessité de l’athéisme ». Il les fait aussitôt se réunir dans l’amphithéâtre et exige une dénonciation. Sans scrupule, les jeunes gens désignent tous du doigt l’un d’eux : Percy Shelley, qui arbore un insolent sourire d’autosatisfaction. Il est aussitôt renvoyé. De retour au manoir familial, il persiste dans son point de vue devant son père, qui le vire à son tour et le déshérite ! Percy n’en prend tire ni regret, ni inquiétude. Il trouve refuge chez ses sœurs, à Londres. Ces dernières ne goûtent guère à l’intrusion de ce frère qu’elles ne connaissent que trop. Il en repart avec une grosse liasse de billets ponctionnée dans une urne et en emmenant avec lui Harriet, la jeune étudiante qu’elles hébergent. Car Percy est aussi un incorrigible séducteur ! Après une nuit passée en sa compagnie dans un jardin public, il part en province pour demander sa main à son père. Tout d’abord ébloui par le patronyme réputé, ce dernier refuse quand il apprend les idées de Percy et son plan de carrière : poète. Qu’à cela ne tienne : Percy embarque Harriet pour un mariage express à Edimbourg, devant deux témoins inconnus…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Du patronyme « Shelley », on associe volontiers le prénom de Mary, écrivaine du célèbre Frankenstein et inspiratrice du mouvement gothique. Son époux Percy est néanmoins considéré comme l’un des plus grands poètes romantiques britanniques, contemporain et ami de Lord Byron. Sa (courte) vie tumultueuse et engagée méritait qu’on s’y attarde. C’est ce qu’ont fait David Vandermeulen et Daniel Casanave, déjà compères sur les enquêtes extravagantes du Commissaire Crémèr, à travers cette biographie quelque peu romancée. Etant donné que la nature du propos risque d’en réfréner plus d’un – de la naissance du romantisme britannique au XVIIIème siècle – les auteurs instillent beaucoup d’entrain et de bonne humeur à leur récit et aux personnages, beaucoup de rythme dans le découpage de leurs planches. Une jovialité émane aussi du dessin moderne et stylisé de Casanave, dans une veine « larcenienne » caricaturale fort appropriée au sujet. Dans ce premier tome, Shelley est présenté comme un libertin doux-dingue sur lequel glissent les aléas de la vie. Il revendique son athéisme, se fait déshériter, s’entiche de la première venue qu’il épouse, s’engage en vain dans la cause irlandaise, puis tombe amoureux de Mary, fille du philosophe Godwin dont il partage les idées. Ce sont les belles années de ce drôle de libertaire et végétarien, à l’avant-garde de son époque. Théoriquement, la suite devrait apparaître plus glauque…