L'histoire :
Un barbu à lunettes donne la réplique à une jeune femme. Ce barbu en chemise à carreaux, c’est Bacchus pour les romains, Dionysos pour les Grecs, et il est là pour présenter l’histoire du vin. L’histoire commence dans l’un des premiers grands livres sacrés, l’ancien Testament. Noé, celui de l’arche, l’un des grands prophètes reconnus par les trois religions monothéistes, est qualifié de « cultivateur ». C’est l’un des pionniers de la vinification, qui serait apparue par hasard au début du néolithique, il y a près de 12 000 ans… La première trace de vinification ne cesse de reculer avec les découvertes modernes. C’est dans le croissant fertile, plus précisément en Anatolie, que la vigne a été domestiquée pour la première fois. Face à la vigne-liane, c’est le vitis vinifera, vigne en pied, qui a conquis le monde. C’est à Sumer, la première civilisation mésopotamienne avancée, que le vin se développe. Quelques siècles plus tard, les égyptiens vont vénérer le vin comme une boisson sacrée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ces derniers temps, Daniel Casanave prêtait plutôt ses pinceaux à des personnages iconiques, Hubert Reeves, Jarry ou Nerval. Son goût pour l’histoire et la littérature, la culture en règle générale, l’amène souvent à utiliser sa ligne nerveuse et dynamique, pour ces sujets. La rencontre avec Benoist Simmat est particulièrement intéressante car l’histoire du vin est à la fois l’histoire d’un alcool plusieurs fois millénaire, mais aussi une histoire de l’humanité touchant à la politique, l’économie, la philosophie et même la religion ! De Noé, « le cultivateur », à Mahomet, qui en fera l’un des éléments centraux du Coran… pour la vie éternelle. Le vin est cultivé en Amérique, en Asie (pas dans les régions sujettes à mousson), en Afrique du Sud, et a traversé les époques. Simmat est un journaliste spécialisé dans les mondes du vin et de la gastronomie. Il nous entraîne dans un récit extrêmement dense et riche. Malgré plus de 200 pages, le sujet est tellement immense que le propos est touffu et les dialogues sont souvent des récitatifs déguisés. Beaucoup, beaucoup de texte. Cultivé, intelligent, le texte, mais on ne saurait boire l’album d’un trait. Il faudra, comme un verre de son sujet, le renifler, le tourner, en sucer quelques gouttes, puis en lire à petites gorgées… L’esthète appréciera, ainsi que l’œnophile.