L'histoire :
En 1986, les infos télévisées annoncent qu’un tsunami vient d’avoir lieu dans la mer de Sibérie orientale. Heureusement, cette zone est à peu près déserte et l’on ne dénombre aucune victime. Vraiment ? Les infos ignorent aussi que le mouvement tectonique a libéré dans ces eaux glaciales une créature antédiluvienne d’ordinaire habituée à vivre dans les abysses. C’est en tout cas ce que subodore London Donovan, un baroudeur qui a l’habitude de travailler pour le milliardaire cryptozoologue Feiersinger. Orphelin depuis son enfance, Donovan est en effet revenu dans la maison de ses parents, en Alaska, avec ses cicatrices psychologiques. Au gré de ses sorties en mer, pour y trouver la plénitude et observer les baleines, il découvre un voilier déchiqueté, mais flottant encore. A priori l’embarcation a été récemment broyée par… un élément inconnu. A l’intérieur, une fillette est en état de choc, incapable de parler et traumatisée pour longtemps par la simple vue de l’océan. Donovan la recueille chez lui et poursuit ses investigations. Car sur les côtes, on retrouve des gros cétacés éventrés ; et certains bateaux de pêches ne reviennent pas au port. Un ami inuit lui raconte la légende d’Aipaloovik, une créature-maîtresse des eaux profondes, qui provoque les tempêtes et engloutit les noyés. Pour Donovan, il est temps de prévenir Feiersinger. Le milliardaire lui envoie aussitôt du matériel et une océanologue réputée, Ana Berger…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Troisième aventure autonome et préquelle à la série-mère Carthago. Tout comme il est coutume pour les séries-concepts, le dessin est confié à un troisième collaborateur inédit, en l’occurrence cette fois un duo qui a l’habitude de travailler en binôme : Brice Cossu et Alexis Sentenac. Leur style encré réaliste se rapproche de la griffe d’Eric Heninot (sur le début de Carthago), surtout sur les premières pages. C’est plutôt une bonne nouvelle pour amoindrir les aspects composites de cette série dédiée à la cryptozoologie (la traque des espèces disparues et/ou résurgentes), après un tome 2 un brin décevant. L’autre bonne nouvelle, c’est la participation au scénario d’Alcante, aux côtés de Christophe Bec. Ce narrateur a largement fait ses preuves dans le registre du thriller et/ou du frisson. Alcante équilibre plutôt bien suspens et émotions. Il reconnecte l’aspect humain à la traque froide et technique. Une fillette en état de choc permettra d’enrichir et de sensibiliser le passé douloureux du héros Donovan, en partageant avec lui un profond traumatisme. Quant à ladite bestiole Aipaloovik, objet de la traque et d’un effroi similaire aux Dents de la mer de Spielberg, la couverture ne fait pas mystère de son caractère maritime, géant et dentu. Son gigantisme et sa férocité sont un amusant point commun avec les vers extraterrestres mis en scène par Sentenac dans Siberia 56, bien que sa double-mâchoire improbable rappelle fortement celle d’un autre célèbre monstre du 7ème art : Predator. Tiens, j’ai comme une subite envie de sushi…