L'histoire :
Tout commence par un cocktail dans une tour de la Défense. Dorfman, le grand patron d’EXXYAL, une multinationale, présente à ses invités Bertrand Lacoste, le PDG de BLC Consulting. EXXYAL travaille sur un plan de délocalisation qui conduira à licencier 823 personnes, soit un dégraissage des deux tiers des effectifs. Pour accomplir cette sinistre mission, l’entreprise doit choisir un cadre sans scrupule. Lacoste a alors une idée pour sélectionner la personne qui réalisera ce plan social : simuler une prise d’otage lors d’un entretien de recrutement. Alain Delambre, un ancien DRH licencié il y a plus de 4 ans d’une entreprise de bijoux fantaisie et effectuant de petits boulots va être recruté pour jouer le rôle du candidat qui pète les plombs et qui prend en otage ses évaluateurs. Malheureusement la supercherie tourne mal et Delambre se retrouve en prison…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après Au revoir là-haut, Couleurs de l’incendie et Brigade Verhoeven, c’est un nouveau roman de Pierre Lemaître qui est aujourd'hui adapté en BD chez Rue de Sèvres. Ce roman a déjà connu une adaptation TV sous le titre Dérapages, avec Eric Cantona dans le rôle principal. Le premier de ces 3 volumes nous met très rapidement dans l’ambiance : dès les premières cases, le héros ensanglanté est embarqué de manière musclée par les hommes du RAID. Cet homme est Alain Delambre : c’est lui qui raconte son histoire. Après avoir réussi professionnellement, il se retrouve au chômage à plus de 50 ans et se voit contraint de faire des petits boulots dans une boîte où il est humilié. Quand une grande entreprise retient sa candidature, il est alors prêt à toutes les compromissions : trahir son épouse, estorquer de l’argent à sa fille, et surtout jouer un jeu de rôle cynique et malsain. Ce thriller des plus captivants dénonce le manque de moralité de certaines grandes entreprises, avec un management toxique. Les personnages ont de l’épaisseur, ils sont intelligents et sombres. Si on peut avoir de l’empathie pour Delambre qui devient le jouet d’une multinationale après avoir connu des années de descente aux enfers, il est loin d’être un individu totalement vertueux, c’est d’ailleurs ce qui le rend attachant. Les rebondissements sont nombreux et dans cette première partie certains éléments habilement disséminés laissent à penser que le lecteur n’est pas à l’abri de retournements de situation surprenants. Graphiquement, la copie de Giuseppe Liotti est remarquable : un découpage dynamique, un trait semi-réaliste extrêmement plaisant avec des personnages bien campés.