L'histoire :
Dyssëry, très belle jeune fille de 17 ans, rêve de devenir actrice de théatre. Mais dans le monde très religieux et conservateur de Darshan, cette passion est considérée comme une intolérable dépravation, un signe d'amoralité inacceptable pour toute jeune fille de bonne famille. Le père de Dyssëry organise alors le mariage forcé de sa fille avec Phorée, un richissime artisan. Il compte sur lui pour remettre l'apprentie comédienne dans le droit chemin de l'obéissance et de la soumission. Mais la jeune femme refuse de se soumettre. Le soir de la nuit de noces, elle se donne la mort pour rejoindre... le Val des Ombres. Il faut dire que dans le monde de Darshan, les Dieux existent réellement, pour peu qu'un nombre suffisant d'hommes croient en eux. Il en va donc de même pour la vie après la mort, comme Dyssëry va l'expérimenter. En débarquant au Val des Morts, elle va rencontrer des créatures de toutes sortes, cherchant à la convaincre de devenir un zombie, un vampire... enfin bref, quelque chose en ligne avec son statut de fraichement morte. Jusqu'à sa rencontre avec un petit démon du nom de Zebl, qui va accompagner ses premiers pas dans cette nouvelle « vie ». Pendant ce temps, Phorée part à la recherche de son épouse et se rend pour cela à la porte des Dieux...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
« Tu me montres tes fesses ? » demande le petit Zebl, le démon qui sauve la vie de Dyssëry aux prises avec le vampirique Baron Spyke. Et voilà, le ton est donné, incorrect et léger, totalement en ligne avec la saga de Troy, univers flamboyant issu de l'imagination débridée de Christophe Arleston. Accompagné pour ce one-shot d'Audrey Alwett au scénario et de Virginie Augustin (Alim Le Tanneur) au dessin, Arleston décline une nouvelle dimension de son monde empli de démons plus impressionnants ou drôles les uns que les autres. Il n'est en outre pas nécessaire (en tout cas à ce stade) de connaitre les règles de Troy par cœur pour se lancer dans cette histoire, ce qui est louable. Pour les amateurs (et ils sont nombreux) de cette approche légère et soigneusement déjantée, la sauce prend immédiatement. Dialogues efficaces et situations rigolotes sont présents à toutes les pages, qui ne manquent ni d'action, ni de dragons et autres monstres impressionnants. On est parfaitement dans l'esprit inventé avec les premiers Lanfeust, qui assurent le succès jamais démenti de cette série et de ses multiples déclinaisons. Le tirage spécial en noir et blanc, seule possibilité pour le fan de patienter quelques mois avant la version définitive de l'album, permet de mettre en valeur le travail de Virginie Augustin. Son coup de crayon nerveux montre le choix d'un dessin moins léché que pour Alim Le Tanneur, caractérisé par des visages ou des profils simplifiés. Mais le style est là, et l'ambiance médiévalo japonisante est très bien rendue. L'efficacité narrative est également au rendez-vous, servie par un découpage remarquable d'efficacité, et une vraie capacité scénaristique à camper des personnages en quelques cases et quelques bulles. Il y a forcément un peu de calcul commercial dans tout cela, mais comme pour un bon vieux plat qu'on cuisine régulièrement, l'album se dévore avec plaisir, tous les ingrédients de la recette originale étant présents. Alors à table les enfants... et les autres aussi !