L'histoire :
Dans la cité de Boréa, trois rebelles sont conduits à l’extérieur des murailles en une lugubre procession, pour y subir la peine capitale. Ils ont violés les règles essentielles de l’Aurore et sont crucifiés, offerts aux morsures fatales du soleil. Le grand prêtre du culte de l’Aurore ne transige pas, même si son fils est l’un des renégats : telle sont les préceptes du culte. Il incombe ensuite à sa fille Kina de monter sur le trône. Mais Kina ne peut supporter de perdre son frère, par la volonté de son père, et de devenir ainsi la représentante de dieux si cruels. Révoltée, elle n’a pourtant pas d’autre choix que d’accepter son destin. Lors de la cérémonie d’intronisation, deux rebelles pourvus de machines volantes tentent un coup d’éclat. Ils lancent une grenade aux pieds du grand prêtre. Néanmoins, la grenade n’explose pas, mais provoque tout de même une belle pagaille. Kina profite de cette tentative d’attentat raté pour fuir par les égouts. Le grand prêtre fulmine et proclame un état de guerre contre les infidèles. Dans les souterrains de la cité, Tina rencontre un garçon qui la conduit jusqu’à une décharge située dans le territoire interdit…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Paradoxalement, en matière de BD, c’est toujours sympa de se prendre une baffe qu’on n’attendait pas. Seul apriori positif sur les qualités de cette entame : le scénario est signé Julien Blondel, un jeune auteur qui sort 6 premiers albums en même temps ! Blondel montre pour l’instant d’étonnantes prédispositions pour le 9e art, dans des registres variés (Akademy, Les orphelins de la tour…). Bref. Ce Châtiment de l’Aurore inscrit immédiatement Nova à la croisée de deux genres rarement associés : le space opéra et la tragédie grecque (sauf dans Les chroniques de l’antiquité galactique de Valérie Mangin). Ainsi, il ne faut pas s’étonner de croiser des robots humanoïdes dans des palais antiques ou des personnages bioniques vêtus à la mode romaine. Le grand prêtre autoritaire, avec son casque robotique déshumanisé, ne manquera pas de rappeler un certain Dark Vador. Visuellement, Jaouen Salaün met en relief ce décorum avec aisance et fournit un sacré travail réaliste, déjà très maîtrisé ! Il s’agit pourtant de la première œuvre de ce jeune dessinateur, qui n’avait jusqu’alors que storyboardé Akademy pour Anne Rouvin. Passée l’originalité de ce décorum très engageant, le reste du récit emprunte des voies narratives plus classiques : un dictat théocratique, des rebelles à l’obscurantisme établi, un conflit générationnel au sein de la famille régnante… Là encore, l’ombre de Star Wars plane sur cette tragédie futuriste. Si la suite peut conserver ces atouts, on tiendra là une série de SF incontournable !