L'histoire :
Le 19 septembre 2019, Darla Clémenceau est invitée à un colloque pour partager avec le public son expérience de rencontre extraterrestre, lorsqu’elle était enfant. Or contre toute attente, en toute lucidité, elle annonce sur scène que cela n’a jamais eue lieu, qu’elle a été victime d’hallucinations. Le public est en rage, lui qui attendait du sensationnel… Les organisateurs sont obligés d’exfiltrer Darla. En panique, alors qu’elle récite ses prières, elle est de nouveau sujette à des visions. Un vaisseau titanesque sui surgit de la mer. Des aéronefs aliens et des tripodes qui attaquent les villes. Le feu, la destruction… Elle revient à elle plusieurs minutes plus tard sur le brancard du SAMU. Mais Cade, l’homme qui l’interviewait, flingue froidement les policiers et les ambulanciers. Puis il enlève Darla, éperdue sur la réalité de ce qu’elle vit… et aussi sur celle qu’elle a jadis vécue. Deux jours plus tard, à 10h27, la NASA s’apprête à lancer la navette Atlantis en mission, pour la mise en orbite d’un satellite sensé capter les ondes gravitationnelles. Mais les astronautes sont sceptiques quant à cette explication. Les capteurs de l’engin qu’ils s’apprêtent à lancer seront en effet tournés vers la Terre et un prétexte a été avancé auprès du grand-public pour dissimuler les intentions secrètes de cette mission…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Débutée en 2008, la série de science-fiction Promothée a progressivement revêtu les caractéristiques de la série interminable qui n’en finit pas (sic). Des évènements métaphysiques majeurs se déroulaient un certain 21 septembre 2019 à 13h13 un peu partout sur la planète… et les lecteurs apprenaient au fil des albums que c’était dû à une invasion extraterrestre, que d’autres extraterrestres tentaient de contrer, et que l’humanité était un jouet au milieu de cette guerre de titans intergalactiques, qui faisaient usage d’une technologie futuriste et de voyages temporels qu’on ne peut comprendre. La série enfin terminée en 24 tomes (!!), voici soudain surgir face au vent un « tome zéro » scénarisé par Andy Diggle, qui s’empare de l’univers de Christophe Bec. Cet album propose d’expliquer l’origine de cette apocalypse et il est issu d’une expérience éditoriale initiée par ComiXology réunissant des artistes de comics, pour une publication américaine uniquement en numérique (en 2019). Chawn Martinbrough dessine dans un style encré semi-réaliste, « très comics » dans son style et son découpage. Dave Stewart colorise et Jock réalise la couverture officielle – et bien des couv alternatives présentées dans le cahier final. Cette vision en préquel focalise essentiellement sur le personnage extralucide de Darla Clémenceau et n’apporte pas beaucoup d’eau limpide au moulin alambiqué. On suit aussi la mésaventure floue de l’équipage de la navette Atlantis aimantée jusque sur la face cachée de la lune. Les intentions hexomorphes, la chronologie des évènements, l’implication manichéenne des humains complotistes et la logique d’ensemble sont toujours aussi brouillonnes – assurément à dessein, car depuis Cardinal de Retz on sait qu’on ne sort de l’ambigüité qu’à son détriment. Andy Diggle a cependant le mérite de respecter la cohérence de la saga de Bec et d’insuffler des moments de tension idoines.