L'histoire :
Tout l'après-midi, la bataille avait fait rage. Tank-Girl déblayait tout ce qui bougeait en première ligne, quand Jet-Girl avait pris les commandes du char et shootait obus sur obus. Puis la bataille cessa, faute de combattant. Les deux filles se chargeaient rapidement de fouiller les cadavres jonchant le sol, pour avoir une meilleure idée de la nature des ennemis qu'elles venaient de dégommer un à un. Soudain, une étrange silhouette se détacha au loin. On aurait dit un homme décharné, claudiquant, la démarche lente et malhabile. Habillé de loques et non d'un uniforme militaire, il geignait, incapable d'articuler la moindre syllabe. Au point où les filles en étaient, elles n'allaient pas se lancer dans un débat philosophique ayant pour vocation d'identifier cette drôle de créature. On tire, on l'arrose d'obus, on vide une ou deux bandoulières de cartouches et on pose les questions après ! Manque de pot, l'espèce de zombie tout troué survécut à tout !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En 30 ans, Tank Girl a bien changé et cette « anthologie », paradoxalement, ne marquera pas les mémoires tant elle est vide d'épisodes anthologies. Oui, Tank Girl a vraiment changé, tout aussi radicalement que le message qu'elle véhiculait à sa création. Rappelons, pour mémoire, qu'il y a 30 ans, Alan Martin kickait sévèrement the ass d'une couronne dont le prolétariat étouffait sous le libéralisme outrancier de sa dame de fer. Margaret avait trouvé un anti-modèle avec ce personnage jeune et jolie et fatalement issue de la vague punk. Que reste-t-il de cette Tank Girl ? Rien, à part son look et son humour outrancier. Si bien que désormais, elle et ses copines Jet-Girl et Sub-Girl se rapprochent dangereusement d'un Scooby-Doo pour adultes. Oui, c'est fun et rigolo, comme cette histoire qui sert de fil rouge à l'album, entrecoupée de courts chapitres bien délirants, où l'on découvrira comment Booga, le kangourou le plus barjot de l'histoire des comics, meurt, mais pour de faux, comme dans les comics de Supers ! Mais pour le fond, c'est peine perdue, Tank Girl est devenue une entertaineuse à 100% qui n'a rien d'autre à revendiquer que bourriner des zombies ou autres enfoirés. Alors les fans de la série auront le plaisir de retrouver tout un tas d'artistes, comme Brett Parson, Jim Mahfood, Jonhson-Caldwell, Jonathan Edwards, Phil Bond, Greg Staples, Chris Wahl, Ashley Wood et Jamie Hewlett, mais ils regretteront également l'absence d'artistes qui ont compté – on pense à Rufus Dayglo, par exemple... Un album pas trop canon, parce qu'il représente très (trop ?) bien ce que Tank Girl est devenue et éclipse très nettement ses origines.
