L'histoire :
De nos jours quelque part en Alaska, Elspeth Leakey, une femme ranger athlétique, aperçoit de loin le corps poilu d’un hominidé étendu dans la neige. Elle s’en approche, retourne la peau de bête et n’en croit pas ses yeux : il s’agit d’un homme de Neandertal, mais habillé d’une combinaison futuriste ! A priori blessé par balles, l’homme se relève, lui parle dans un langage incompréhensible et retombe dans les vapes. Elspeth le ramène chez elle pour le soigner… ce qui ne s’avère pas très compliqué, vu que l’hominidé se guérit tout seul à vitesse fulgurante. A priori pacifique malgré sa forte corpulence, il baragouine quelques mots dans notre langue pour la remercier et se présente sous un nom imprononçable. Elle ignore alors que Kin – le nom qu’Elspeth lui donne – est effectivement un homme de Neandertal, une espèce qui s’est développée depuis des millénaires dans le plus grand secret, sous les montagnes d’Alaska. Ces « primaux » sont techniquement bien plus évolués que nous, notamment grâce à leur maîtrise de la matière, appelé le Kukya. Kin est alors très inquiet pour son peuple, maintenant que les « hommes frêles » ont découverts leur existence…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Kin est le prototype de l’excellente idée de départ, hélas développée sur le thème de la série B. Le synopsis est pourtant alléchant : il propose d’éclairer le mystère de nos origines via une hypothèse audacieuse. Précisément, il supprime le fameux chainon manquant entre l’homme de Neandertal et l’homme moderne. A la question pourquoi Neanderthal a-t-il disparu, Gary Frank répond en proposant un développement parallèle des deux espèces, tout simplement. D’un côté, de nombreuses trouvailles sympathiques jalonnent l’intrigue : conception de l’humanité, mœurs, organisation sociale, maîtrise de la matière… De l’autre, de nombreuses digressions stéréotypées sur le thème du thriller d’espionnage contribuent, au bout d’un moment, à noyer le tout dans un ersatz de sous-production américanisante. Personnages manichéens, rapports stéréotypés, longueurs… Dommage, car le dessin est de très bonne facture, détaillé et dynamique tout en restant « lisible », dans la pure veine réaliste des comics d’aujourd’hui. Sur la couverture comme à l’intérieur, Kin rappelle fortement un autre personnage culte, un peu plus vert, l’énervé Hulk. L’auteur de cette série est en effet reconnu outre atlantique pour être l’un des meilleurs dessinateurs du géant vert…