L'histoire :
Le temps est un drôle de truc. C'est ce à quoi pense un homme, assis seul sur un banc, sous la pluie. La tête légèrement en avant, il ferme les yeux. Les images lui reviennent. Il est dans l'hélico. Comme un boxeur, il bande ses poings. Les deux paras assis à côté de lui ne bronchent pas. Ils observent son rituel. Ils arrivent sur zone, le pilote stabilise à 50 mètres de haut. Les premiers hommes bondissent, câblés et hélitreuillés mais B les a précédés. Ils n'ont pas encore mis un pied par terre que six cadavres jonchent le sol de la terrasse. Ils font le ménage et éliment trois autres cibles ennemies quand B. fait face à deux hommes. Le premier est out : il n'y a plus rien en dessous de son genou gauche. Le second charge la culasse de son automatique mais il n'a pas le temps d'appuyer sur la gâchette que le poing de B. lui traverse le crâne !... Les images qui défilent dans la tête du bonhomme assis s'arrêtent en même temps qu'une voiture devant lui. L'homme détrempé s'entend dire que c'est l'heure. Le temps, c'est un drôle de truc...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
BRZRKR, prononcez « Berseker », est le premier comics créé par Keanu Reeves, qui a bien fait de s'entourer de deux pointures, à savoir Matt Kindt pour l'écriture et Ron Garney aux dessins. Comme le personnage principal a ses traits, qu'il sera bientôt adapté au cinéma et en série, le comic book fait office de teaser, avec une histoire revendiquée de l'imagination de Keanu Reeves. Le buzz a fonctionné aux USA car le début de la série a cartonné au niveau des ventes. Une bonne nouvelle pour Delcourt, qui a mis la série en avant mais on peut imaginer qu'elle ne provoquera pas de raz-de-marée chez nous, tant elle est sanglante. Oui, il a bien fait, Keanu, de s'entourer de deux cadors du média parce que sa série commence donc, après une brève séquence d'ouverture, par 25 pages de boucherie, pour arriver à une scène qui est carrément un remake de Weapon X. Si bien qu'à la fin du premier des quatre chapitres ici réunis, on se demande à quoi on va avoir affaire. C'est le moment d'aller au Director's Cut de fin d'album, avec les commentaires de Keanu Reeves et Matt Kindt qui accompagnent une vaste sélection de planches, pour comprendre que l'acteur voulait exprimer de l'ultra-violence, d'emblée. C'est réussi sur ce point et le complément, la référence de Matt Kindt au Dark Knight, met en lumière la technique incroyable de Ron Garney. C'est grâce au dessin qu'on s'accroche jusqu'au chapitre suivant où on apprend l'immortalité de B... alors on pense forcément que Keanu, il a dû aimer Higlhander, mais le kilt en moins. Bref, on finit par se dire que si l'histoire réunit plein de stéréotypes, au moins, jusque-là, elle est techniquement bien réalisée. Si la suite tient ses promesses, on pourrait bien ici avoir un petit classique Badass des années 2020, ou un classic Grosbill. L'avenir nous le dira !