L'histoire :
Ce matin, Ansel met un soin particulier à se préparer. D'ailleurs sa mère le motive à accélérer un peu, s’il ne veut pas être en retard. Avant de partir, elle lui donne même un présent qui lui sera indispensable : une tourte de cabri au curry ! Le voilà traversant le village à toutes jambes, provoquant moult questions chez les habitants, avant qu'il n'arrive devant le passeur. Il s'appelle Charles, c'est un Troll et quand on sait le prendre, il propose de traverser le lac en toute sécurité. Ansel sait parfaitement que la tourte au cabri est la meilleure garantie d'un voyage tranquille alors le voici en train de se diriger vers l'île où une grande fête et tous ses amis l'attendent. Il faut dire que demain, les jeunes devront annoncer officiellement l'objet de leur quête. L'ambiance est donc à la boisson et aux bavardages mais Ansel refroidit tout le monde au moment même où il annonce la sienne : retrouver les maîtres-peuples ! Tous ses amis essaient de l'en dissuader : primo, personne n'est censé même pouvoir les évoquer et secundo, si des bibliothécaires apprennent ça demain, ils jetteront immédiatement Ansel dans un cachot ! Le jeune homme quitte le groupe irrité par la réaction qu'il a provoquée et seule Dee, une amie d'enfance, le rejoint. Elle essaie de lui faire entendre raison mais rien n'y fait, Ansel ira bel et bien à la recherche des maîtres-peuples....
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
S'il est un scénariste qu'on surveille comme le lait sur le feu, c'est bien Matt Kindt. L'intrigant Mind MGMT, le curieux Ether et les albums qu'il a écrits pour Valiant ont marqué les mémoires. Alors, cette réinterprétation du conte rendu immortel par les frères Grimm avait de quoi susciter une vive attention. Et le bilan qu'on en dresse une fois ce premier volume refermé (et qui contient les 5 premiers chapitres) est : «pas mal ! ». Matt Kindt s'amuse en effet à s'appuyer sur les stéréotypes en même temps qu'il s'en éloigne. Exit le Hansel abandonné par ses parents avec sa petite sœur dans la foret, ici on prend connaissance d'un jeune homme sympa (et donc attachant), à qui sa mère donne une tourte pour rester en bons termes avec un Troll ! L'univers dans lequel ce Ansel évolue est assez proche du nôtre, ce qui fait que le registre flirte aussi avec l'onirisme, le lecteur ne sachant pas vraiment si le surnaturel fait partie de notre monde où s'il s'agit d'un monde surnaturel mais si proche du nôtre. Mais passé l'effet de surprise, il y a comme un flottement dans la narration, avant que de belles trouvailles scénaristiques et leur mise en abîme ne relancent l'intérêt du propos. Alors si pour l'heure les intentions du scénariste restent encore assez insaisissables, le lecteur se laisse embarquer à l'aide des jolis dessins de Matt Smith, bien mis en couleurs par Chris O'Halloran, dont les teintes contribuent largement à planter de mystérieuses ambiances. Voilà, Folklords, ce n'est pas le genre de comic book qui vous met la tête à l'envers, mais il séduit par son originalité et le brin de douceur qu'il véhicule.
