L'histoire :
Ethan Daniels est caissier dans l’unique superette de Pennystown, une petite ville tranquille de Pennsylvanie. Il peine à se remettre de sa rupture avec Taylor, la jeune barmaid de la bourgade… et il entretient d’une manière générale des rapports difficiles avec la gent féminine. Un soir alors qu’il a un peu trop bu, il s’en prend verbalement aux femmes dans leur ensemble, créant un véritable scandale dans le bar où il se trouve. Il en est viré manu militari par Wes, l’officier de police, au moment même où retentit une énorme explosion. Troublé par ce choc, qui brise les vitres alentours et coupe l’électricité, les clients du bar oublient Ethan, qui s’enfuit à bord de son pick-up. Au volant, alors qu’il rumine son pétage de plomb, il doit subitement freiner. Devant lui, au beau milieu de la route, se tient une jeune femme entièrement dénudée. En descendant du véhicule, il s’aperçoit qu’elle est blessée à l’épaule. Il lui propose son aide, lorsqu’elle s’évanouit dans ses bras. Ne sachant que faire, il la ramène chez lui et lui offre un bon repas. Visiblement perturbée, la jeune femme dévore littéralement et… l’emmène sur le lit pour une séance de galipettes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir fait le jour sur la vie privée des superheros dans Ultra, les frères Luna livrent dans Girls un thriller comics proche des ambiances fantastiques de Stephen King. Les thèmes récurrents à l’œuvre de l’écrivain américain sont permanents : la petite ville tranquille qui bascule dans l’horreur, le champ de maïs d’où surgit le fantastique… Sur un mode narratif moderne, s’appuyant sur des dialogues de tous les jours, les auteurs bâtissent une intrigue à la fois déroutante, ingénieuse et pourtant un peu agaçante. On est tout d’abord bluffé par l’image audacieuse attribuée à la gent féminine : des femmes clonées à poils, quasi-extraterrestres, débarquent et s’en prennent violemment aux autres femmes. Ensuite, le rapport à la Conception, à travers les spermatozoïdes géants tueurs, est également très osé… et peut-être pas si débile que ça. On se demande juste comment Joshua et Jonathan Luna vont bien pouvoir faire évoluer une telle histoire sans faire dans la misogynie et on est très impatient de le découvrir. Entre chacun de ces épisodes hallucinants, les auteurs placent d’interminables phases dialoguées, un peu stériles : les protagonistes tournent autour du pot en se demandant ce qui leur arrive, sans rien décider de très efficace. Mais bon, mettons cette vacuité intellectuelle sur le compte de la surprise… Et puis nous sommes tout de même dans l’Amérique profonde ! Graphiquement, le dessin manque sans doute d’expressivité et… de labeur ! L’abus des flous, pour distinguer les focales, permet d’éviter le dessin de bien des décors en fond de cases. Néanmoins, si ces effets informatiques perturbent au départ, à la longue sur 144 pages, on n’y fait plus trop attention. Une mise en bouche surprenante, qui réclame d’en savoir plus…