L'histoire :
Dans un futur proche, un seigneur de guerre du nom de Golgoth a levé un empire et a progressivement établi sa domination sur le monde. Ayant désormais mis à terre la plupart des forces armées pouvant lui opposer résistance ainsi qu'Endymion, un super-héros américain, Golgoth et ses proches fidèles semblent avoir tout remporté. Si le tyran ne montre aucune pitié et tout autant de failles, il semble néanmoins sensible au bien-être de sa fille adolescente, Delfi, dont il est désormais le seul gardien depuis la mort de son épouse. Maîtrisant la guerre, l'information et annihilant toute forme de résistance, rien ne semble pouvoir atteindre l'Empire. Hélas, un des proches de Golgoth, son serviteur et d'après lui son dernier ami, Sebirus, a eu vent d'un projet d'assassinat visant l'empereur. Golgoth balaie d'un revers de la main les inquiétudes de Sebirus mais celui-ci persiste, au risque d'entraîner plus de problèmes qu'autre chose...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C'est en 2000 que le scénariste Mark Waid et le dessinateur Barry Kitson commencèrent à publier Golgoth (nommé Empire, en v.o.). Récit un brin sulfureux, ce comics suivait l'évolution et les complots au sein d'un véritable Empire du mal mené par un tyran quasi-omnipotent en armure, le dénommé Golgoth. Après quelques mésaventures (faillite de la première maison d'édition qui amena les auteurs à conclure l'aventure chez DC Comics), on peut dire que Waid et Kitson nous ont livré là un petit bijou de narration et surtout de subversion. On ne peut s'empêcher d'admirer le caractère apparemment infaillible et clairement implacable de Golgoth et les éventuels doutes que le lecteur peut avoir (doux euphémisme quand on considère la cruauté évidente de l'Empire) sont remis en question devant les emportements et les questionnements de Golgoth face à sa solitude inévitable ou encore quand il s'essaie au rôle de bon père avec sa fille. Déformation de l'information, soumission de l'ennemi et mainmise sur l'opinion publique (les enfants veulent tous être Golgoth), autant d'éléments pivots des dictatures modernes qui, alliés au dessin toujours impeccable de Kitson, donnent au récit un doux parfum d'anticipation cynique que l'on retrouve notamment dans les productions britanniques des années 70 et 80 (on pensera aussi au Savage de Pat Mills). Riche d'une galerie de larbins aussi inquiétants (le sadique Tumbril) que ridicules (Lucullan et son amusante tendance à vouloir employer un vocabulaire qui lui échappe), Golgoth amuse, intrigue et, luxe absolu, fait réfléchir quant à notre tendance à voir des héros dans les monstres modernes. Mark Waid nous livre sa version deluxe et absolue d'un Fatalis lâché dans la nature et on en redemande. Ça tombe d'ailleurs bien puisqu'une suite est depuis peu en cours de publication, les droits de Golgoth étant retombés entre les mains des auteurs. Un titre jubilatoire !