L'histoire :
Un homme escalade un immeuble et pénètre un appartement situé au 7ème étage. Malgré la présence du maître des lieux, il se glisse derrière son dos et décroche un tableau accroché au mur. La signature de ce dernier indique le nom de Picasso. La peinture détachée, le voleur sort une bombe et écrit son nom, Rasl, tel un graffiti sur le mur de la victime. Alors qu'il quitte les lieux, il est repéré et la police appelée. Une fois en bas, l'homme fonce vers une ruelle. Il s'approche d'une benne et en sort deux énormes canons en plus d'un étrange masque. Il prend alors une drôle de pause et disparaît dans un éclair. Rasl vient d'utiliser la dérive, la capacité de passer d'une dimension à une autre. Les effets sur lui ne sont pas neutres puisqu'il souffre énormément. Le voleur se rend dans un bar, histoire de souffler un peu avant de voir son client. Soudain, un homme plutôt grand avec un visage très particulier entre et lui tire dessus. Rasl fuit. Se dissimulant, il parvient à assommer son agresseur et constate que ce dernier a une puce électronique greffée sous la peau de son avant-bras...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les lecteurs de comics les plus avisés ont sûrement eu pour la plupart le bon goût de lire l'excellente saga heroic fantasy Bone. Avec une épopée palpitante et un visuel absolument génial, son auteur, Jeff Smith, a marqué les esprits, tant et si bien que toutes ses productions ont été forcément surveillées de près. Rasl se sera fait attendre, mais pour de bonnes raisons. Tout d'abord, Jeff Smith change totalement de registre. Il délaisse l'heroic fantasy de Bone pour de la science-fiction menée à un rythme effréné. L'histoire est celle de Rasl, un voleur qui passe d'une dimension à l'autre pour subtiliser des œuvres d'art, et qui surnomme cela la dérive. Le problème est qu'il ne sait jamais vraiment dans quelle dimension il se trouve. Son petit business marchait bien jusqu'à l'apparition d'un type qui cherche à le tuer et le traque dans n'importe quel endroit. Après deux premiers épisodes extrêmement immersifs, Jeff Smith lâche quelques informations sur son héros. On découvre ainsi l'origine de la machine permettant à Rasl de voyager entre les dimensions, qui est la personne dont le nom est tatoué sur son bras, etc. Ambitieux et addictif, le récit bénéficie d'un trait plus réaliste que sur Bone mais qui demeure là encore très soigné. Sortie une première fois aux USA en noir et blanc, la série a été recolorisée par Steve Hamaker (comme Bone) qui a été aidé par Tom Gaadt. C'est cette version à laquelle nous avons droit et disons-le franchement, elle est tout autant réjouissante, rendant même parfaitement hommage au travail de Jeff Smith. Rasl ne rate pas son entrée et il nous tarde déjà de suivre les prochaines péripéties liées à cette fameuse dérive. Passionnant.