L'histoire :
En 2030, l'Italie est redevenue une société prospère et pacifique. La population peut obtenir ce qu'elle souhaite et vit connectée en permanence à leur desmophone. Pourtant, tout n'est pas si idyllique. Un groupe de marginaux baptisé Shorai refuse de vivre dans un monde capitaliste et réalise régulièrement quelques coups d'éclat afin d'alerter les médias qui les catégorisent comme terroristes. Sténo est un jeune garçon qui fait depuis de nombreuses nuits le même cauchemar, une vision effrayante où à la fin un homme caché dans l'ombre lui tend la main et lui demande de se réveiller. Plutôt discret, Sténo est régulièrement pris pour cible par ses camarades. Seule Rosabella le défend et apprécie sa compagnie. Celle-ci n'est pas n'importe qui puisqu'elle est la fille du Premier Ministre et a droit à des gardes du corps qui la protègent. Un jour, après les cours, la mère de Sténo le récupère en voiture. Alors qu'ils sont sur une route un brin chargée en terme de trafic, le jeune homme remarque un véhicule luxueux, protégé par un convoi. Il ne fait aucun doute que c'est la voiture de Rosabella. Son père est aussi à l'intérieur. Alors qu'un bouchon se forme, des Shorais apparaissent...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Auteur reconnu par les fans de comics, Jonathan Hickman a encensé Golem comme étant un « package de divertissement pur ». Pareil compliment de la part d'une des références actuelles de la bande dessinée américaine et mainstream ne pouvait pas être fortuite. Il faut dire que Golem est un projet qui a mûri durant plus d'une vingtaine d'années dans l'esprit de son auteur. Lorenzo Ceccotti, connu sous le pseudonyme de LRNZ, est jusqu'ici connu en Italie pour ses illustrations inspirées et aux styles variés. Avec Golem, il nous propose un album de 280 pages à la couverture souple. Visuellement, l'ouvrage est étonnant. Si l'on aperçoit d'emblée les influences provenant du manga, l'artiste les mêle à d'autres provenant de la bande dessinée européenne voire même parfois des comics ou du cinéma. La partition graphique est originale et évoquera des séries comme H.K. ou Battling Boy en terme d'impact. LRNZ n'hésite pas à faire évoluer son trait de différentes manières, parfois vers une approche plus réaliste. Son découpage est extrêmement dynamique et ses planches sont remplies de petits détails et autres symboles. Si l'ensemble touche l'exceptionnel par instant, on regrettera quelques cases un peu moins fignolées (mais néanmoins rares !). L'histoire lorgne du côté de l'anticipation en montrant une Italie prospère et qui comble tous ses habitants du côté matérialiste. Société étouffante par le contrôle qu'elle exerce sur ses sujets, certains rebelles se réunissent pour conserver une part de rêve dans ce monde. Parfois proche d'un pamphlet engagé, le récit est également une formidable succession de scènes d'action spectaculaires. Les couleurs sont vives et à l'instar de la relation entre Sténo et Rosabella contrebalancent un univers sombre. Mélange des genres, autant graphique que scénaristique, Golem est une expérience de lecture plaisante et salvatrice.