L'histoire :
Putain mais c’est quoi cette caisse ? Une coccinelle qui se traîne sur la route et qui pétarade sans arrêt en faisant un boucan d’enfer. La mission démarre mal pour Dwight et Gail s’est bien foutu de sa gueule quand elle lui a promis une bagnole allemande. Mais il s’en fout car il est pas ici pour faire du tourisme ou faire de la vitesse même s’il aimerait bien que cette vielle guimbarde ne le lâche pas maintenant. Heureusement, il arrive enfin sur place, au bar Poppa’s Olympian, une turne minable et désormais abandonnée. Il se rapproche pour bien tout observer. Des bouts de verre partout, de la glace fêlée, des impacts de balles. Les mecs manquent de méthode mais ils ont fait un carton et n’ont pas fait le déplacement pour rien. Quand soudain, un bruit de moteur se rapproche. Des flics… Dwight n’a pas peur pour lui mais pour la flic qui tourne autour de lui, au ralenti, car Miho est aux aguets et on sait tous qu’il lui faut très peu de choses pour qu’elle balance son shuriken en forme de croix gammée. La policière s’arrête devant lui et l’interpelle, d’une voix plus amicale que ce qu’il a l’habitude de voir. Elle se demande comment un mec aussi beau et avec un manteau de fourrure aussi cher peut se trimballer avec une voiture aussi délabrée. Bonne question ! Et il va falloir qu’il trouve une bonne réponse s’il ne veut pas que Miho sorte les griffes et ne mette la jolie fonctionnaire d’état en charpie.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La réédition de Sin City chez Huginn et Muninn en est déjà à son cinquième tome. Cette fois, Frank Miller explique en préface qu’il a écrit et dessiné cette histoire en un seul jet, un jet qui durera quelques mois d’une intense créativité et d’une frénésie quasi meurtrière. Le résultat est brut et brute, l’impression d’une œuvre simple qui n’a qu’un maître mot : la vengeance et le sang. On pourra regretter du coup un scénario plus famélique (le volume est d’ailleurs beaucoup moins volumineux) mais ce que l’on perd en complexité, on le gagne en émotions pures et très dures ! Sans appel et sans état d’âme, on pourrait même dire sans valeur malgré le titre (c’est d’ailleurs ce qui sera reproché à Miller qui vante le goût de la justice expéditive et de la loi du talion), le comics va à l’essentiel pour aller plus loin encore dans l’aspect animal des personnages et l’instinct qui pousse à laver le sang par le sang. Le récit est donc nerveux au possible mais cette narration épurée vaut surtout pour le visuel toujours plus incroyable de l’artiste. Jamais un noir et blanc n’a été aussi fou et inventif et Miller se paie en plus le luxe de représenter un personnage qui tranche par rapport aux autres (et qui découpe aussi) : la jeune Miho, blanche comme un fantôme ou un ange exterminateur. Les cases explosent pour mieux mimer la folie destructrice qui s’empare des personnages et plus rien n’a de sens ni de règles à part le besoin implacable de vengeance. On ne plaisante pas avec la famille…