L'histoire :
Les souvenirs manquent à Terrance, un jeune homme grand et élancé portant une petite valise. Il était venu, semble t-il, pour chercher un appartement, et il s'est retrouvé coincé dans l'un d'eux avec d'autres colocataires. Après plusieurs jours, il est parvenu à sortir de là, comprenant le fonctionnement étrange de la porte d'entrée. Alors qu'il se croyait enfin libéré, Terrance s'extirpe de l’ascenseur qui devait le conduire à sa sortie. Au bout du couloir, il aperçoit une femme qui s'enfuit. Il court la rejoindre et entre dans le seul appartement où elle a pu pénétrer. Le jeune homme y trouve un agent immobilier qui cherche absolument à lui vendre son lot. Terrance remarque un individu assis devant la cheminée. En s'approchant, il reconnait un soldat mort en Irak, lorsqu'il y opérait en tant que soldat infirmier. Ce dernier se jette sur lui, mais Terrance le repousse. Il sort de l'appartement et retombe sur l'agent immobilier qui l'invite à rencontrer le propriétaire des lieux. Pas sûr que cette rencontre soit celle imaginée par Terrance...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
« Bizarre, vous avez dit bizarre »... Avec le premier album d'Abaddon, Koren Shadmi a livré un récit aussi inattendu qu'incroyablement addictif. L'histoire de ce drôle de type au physique élancé et au crâne couvert d'un bandage, à qui les souvenirs manquent, captivait dès les premières pages. L'ambiance originale développée par l'auteur américain évoque des longs métrages comme Cube par sa paranoïa latente, ou des bandes dessinées telles que Les rues de sable de Paco Roca ou Magic palace hotel de Fred. Pour ce second et dernier volet, tous les ingrédients sont conservés. Shadmi réitère les errances de son personnage dans un immeuble où la folie rode au tournant de chaque couloir ou d'une rencontre fortuite. Ce huis-clos angoissant ne joue pas sur des exubérances visuelles ou gores pour susciter la peur. Il joue plutôt avec nos codes, nos fondamentaux, nos logiques intimes, pour mieux nous déstabiliser. L'excentricité des personnages et les flashbacks de Terrance participent à l'impression de malaise, à cette incertitude qui nous emmène plus loin dans le labyrinthe qu'est Abaddon. De plus, le dessin de Shadmi parvient parfaitement à faire transpirer l'ambiance kafkaïenne des planches. A l'origine, Abaddon avait commencé sa publication sur Internet ; afin de mener son projet à son terme, l'auteur a sollicité les lecteurs pour participer à son financement, via le site Kickstarter. On ne peut que remercier cette initiative et ses édinautes, tant ce diptyque se montre envoûtant et effrayant. « Abaddon-nez »-vous dans Abaddon, vous ne le regretterez pas...