L'histoire :
10 septembre 1896, Paris-La nouvelle. Deux ans après la guerre civile des tribuns. La France panse toujours ses plaies alors qu'un nouveau fléau s'est abattu sur elle. La lèpre bleue, comme on la surnomme, ronge les chairs et décime la population. Deux docteurs de l’hôpital Saint Pierre de Sébaste s'interrogent au sein du pavillon de la léproserie, au sujet d'une jeune femme. Voilà deux semaines qu'elle a été admise comme infirmière au sein du service des démembrés mais elle ne porte aucune combinaison qui la protègerait d'une contamination et paraît aussi saine que possible. Face aux observations de son confrère, l'autre médecin refuse catégoriquement de l'examiner, elle comme les autres malades, qu'il qualifie de grumeleux ! Alors ils continuent à disserter en l'observant. Cette fille est une admirable curiosité scientifique mais elle a ses limites : au moment où elle sert la soupe à un malade, l'oreille de ce dernier se détache et atterrit dans l'assiette. C'en est trop pour Christine, qui ne peut réprimer son envie de vomir. Soudain, un mur entier s'écroule et apparaît un homme dans ce qui ressemble à un scaphandre de guerre. Il hurle qu'il va tuer tout le monde si on ne lui livre pas la fille, qui esquisse un sourire carnassier alors qu'elle se trouve en face d'une victime ensanglantée...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Fans de Steampunk, d'uchronie et d'inventions «juleverniennes», à vos librairies ! Voici donc un french comics et on a même envie de vous dire qu'il est 100% frenchy : Tony Emeriau au scénario, Boris Beuzelin aux dessins et à la couleur, un éditeur français (qui, au passage, imprime tous ses livres en France), bref, on ne va pas vous faire un cocorico mais si on s'enthousiasme, c'est avant tout parce que l'univers de Parias est prometteur. Certes, par définition ce premier volume (sur quatre prévus) installe le récit, ce qui signifie qu'on ne possède pas encore toutes ses clés, donc qu'on se pose la question du « où va-t'on » mais il contient déjà la promesse d'une chouette série, puisqu'on est immédiatement immergé dans un Paris de 1900 menacé par une lèpre bleue et les troubles anarcho-terroristes qu'elle entraîne. Ça, c'est pour résumer à l'extrême le décor. Côté personnages, deux d'entre eux prennent la lumière : le vilain de l'histoire, une sorte d'archétype de savant fou, auréolé du mystère lié à un équipement indispensable à sa survie et un personnage féminin, Christina, dont on ne vous dira pas la sanglante spécificité. Ce savant fou a littéralement asservi un petit groupe qui est voué à lui obéir sous peine d'horribles souffrances. Alors en même temps que le contexte est posé, c'est l'action qui prime, chaque scène réservant son lot de spectacle. Boris Beuzelin propose un visuel plaisant, avec des décors bien travaillés tant son trait conserve le jus de ses roughs. On notera également un chapitre « postambule » impressionnant signé par Lionel Marty, ainsi qu'un cahier de fin de livre qui nous livre une partie des coulisses de cette création assez emballante.