L'histoire :
Dans la ville de Diablerouge, aucun crime ne reste irrésolu. Il faut dire que le flair et la déduction de l'inspecteur Gould aident énormément. Par exemple, dans le cas des agressions à la crosse de hockey, il est certain que le criminel est un canadien qu'il a interrogé la veille et qui est désormais sous surveillance... Une serveuse sort du dinner duquel elle vient tout juste de démissionner avec un tabouret sous le bras. Le patron la suit et lui hurler que cela sera déduit de sa paie ! Prenant le chemin de chez elle, la jeune employée croise une femme en impair en train de taguer un point d'affirmation sur un panneau stop. Depuis des années, la serveuse a toujours pris ou volé des chaises marquant les passages mémorables de sa vie, en tout cas ceux qu'elle estime important... Un homme drague une femme fortuné et profite d'elle pour lui dérober un tableau précieux, toile qu'il va découper en petits morceaux et vendre au compte goutte. Un procédé qu'il reproduit auprès de multiples victimes... Une femme essaie depuis quelques années de publier son propre roman et cette fois-ci, elle est persuadée d'avoir la bonne approche, celle d'écrire un roman où chaque mot aurait été déposé par une fourmi dans un immense entrepôt...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Depuis qu'il est arrivé chez Valiant Comics, on en aurait presque oublié que l'américain Matt Kindt est également un auteur complet. Il nous a déjà prouvé par le passé ses talents sur Super Spy et le fait de nouveau avec Du Sang sur les mains. Tout au long des 270 pages que composent cet album, nous allons suivre un polar mettant en scène l'inspecteur Gould ainsi qu'une multitude de criminels. Ne vous attendez pas à des assassins sanguinaires ou machiavéliques, mais plutôt à des individus commettant des larcins plus ou moins graves. Matt Kindt aime le polar et nous le prouve avec cet album pour le moins étonnant mais aussi déstabilisant. Tout d'abord, visuellement, l'ensemble est soigné, l'artiste s'essayant à des variations de son style habituel et son utilisation de l'aquarelle pour la colorisation est judicieuse. Son découpage est très agréable et on ne peut s'empêcher de penser à Jeff Lemire en terme de composition et de recherches de narration graphique. Certains choix ne feront pas l'unanimité mais l'audace est là. Plus contractée, l'histoire développée intrigue et laisse parfois songeuse. Y a t-il réellement une cohérence à l'ensemble ? La réponse est évidemment oui et même si les plus habitués au genre auront démêlé les fils de l'intrigue avant sa conclusion, celle-ci nous tient en haleine jusqu'au bout. L'album plaira dans ses grandes largesses les amateurs de subtilité mais laissera probablement une partie des lecteurs sur le carreau, ceux cherchant un récit de genre racé et aux enjeux plus palpitants. Les comparaisons avec les films Usual suspects ou Memento semblent un peu nébuleuses mais l'ouvrage reste envoûtant et au final, une bonne surprise.