L'histoire :
Dans le petit bar miteux de M. Williams, se retrouvent les habitués et autres clients de passage. Que ce soit le petit Robbie et son père soudé au comptoir, des touristes chinois qui demandent leur route ou encore, le groupe de rock local qui s’apprête à jouer devant trois pélos. Mais tout à coup, apparait devant chacun, un petit être éthéré se présentant comme un génie capable de réaliser un seul et unique vœu. Certains circonspects se demandent ce qui leur arrivent quand d’autres gaspillent immédiatement cette proposition fantastique. Mais ce qu’ignorent les protagonistes, c’est que les huit milliards d’êtres humains peuplant la terre ont tous simultanément eu la même proposition. En l’espace de quelques secondes seulement, le chaos s’étend sur la planète. Seul le bar est préservé de la catastrophe grâce au vœu du propriétaire M Williams qui a fait que son lieu est endroit imperméable à tout ce qui se produit à l’extérieur, comme si celui-ci en savait plus sur cet étrange phénomène... Voici nos héros dans un premier temps enfermés dans ce bar et qui vont devoir faire les bons choix pour survivre dans un monde dévasté.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’idée de Eight Billions Genies est ce qu’on appelle un high concept. Autrement dit sur le papier l’idée est très excitante et donne lieu à énormément de fantasmes sur ce qui pourrait se passer. C’est pourquoi au fil des pages, la déception ne fait qu’augmenter. En effet plus on avance dans sa lecture plus on trouve que Charles Soule a gâché son sujet en s’attachant à des intrigues et des personnages peu attachants et surtout très clichés. Pire, entre les protagonistes de ce groupe de rock, l’enfant orphelin qui devient un super héros ou le couple de chinois qui veut préserver l’avenir de son enfant à naitre, on a le sentiment d’être devant un feuilleton familial mièvre des années 80, tiré d’un sous Stephen King. Sans compter le fait qu’à force de se concentrer sur ses héros, on appréhende très peu ce monde chaotique qui n’est qu’un décor prétexte et non un monde crédible. Car le plus dur dans une œuvre de fantastique ou de science-fiction est de maintenir un taux de crédibilité dans l’univers créé. Que ce soit Isaac Asimov avec ses lois de la robotique ou George Lucas avec la notion de Force, un cadre est créé, ce qui rend vraisemblable le monde imaginé et nous permet de gober tout ce qui s’y passe. Nul doute que Charles Soule a pensé à la cohérence de son histoire avec des règles strictes concernant les vœux des génies. Seulement, toutes les actions des personnages nous paraissent incohérentes et c’est là le hic. On sent que le scénariste s’amuse juste à exprimer ses fantasmes de gosse en faisant se rencontrer fortuitement Ernest Hemingway et Jim Morrisson pile poil dans le bar, à balancer des références pop/manga/super héros sans jamais créer quelque chose d’inédit. Au final, l’histoire s’étend sur de nombreuses années et se mue en mythe philosophique un peu gnangnan au message pseudo-écologiste. Rayan Browne se défend avec ses dessins et surtout sa colorisation léchée mais ne parvient pas à relever le niveau et l’ensemble donne l’effet d’un album certes audacieux, mais aussi daté et naïf. Malgré tout, le titre est un véritable succès outre atlantique et devrait faire l’objet d’une adaptation en série.