L'histoire :
Nous sommes en 2105 et cela fait 742 jours que l’USS Montgomery a quitté la terre. C’est un jour très spécial pour l’officier Wu aujourd’hui : c’est l’anniversaire de sa fille Lilly. Mais c’est aussi le jour de la « Black Zone », le moment où le vaisseau se trouvera isolé de tout. La Black Zone durera à peu près un an et pendant toute cette période, l’équipage ne pourra donc plus avoir aucun contact avec la Terre. Wu a ainsi beaucoup de travail et elle promet à sa fille qu’elles fêteront son anniversaire ce soir. En attendant, elle l’amène au professeur Clarke pour qu’elle retrouve les autres enfants et les activités qu’elle doit mener comme d’habitude. Wu rejoint l’officier Kruger et elles se rendent ensemble au poste de commandement. Tout le monde est là et le capitaine Gardner, avec l’aide de l’intelligence artificielle Valérie, fait le point sur les objectifs de la journée. Ils doivent également en profiter pour avoir des nouvelles de l’extérieur car ce seront les dernières. Mais les news sont mauvaises, très mauvaises même. Le gouvernement a annoncé que la Terre n’a plus que dix ans à vivre, bien loin des vingt ans annoncés au départ. Pire : la colonie est en totale ébullition. Des séparatistes veulent prendre le pouvoir et multiplient les attentas. Sur Terre, les dirigeants n’osent pas intervenir, de peur que des sympathisants séparatistes détruisent les vaisseaux qui leur permettront de s’enfuir. Que va trouver le Montgomery une fois la Black Zone passée ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jeff Lemire n’en finira plus de surprendre et il est encore là où on ne l’attend pas avec un récit court de science-fiction ! Pour leurs premières productions, les éditions TKO s’offrent un nouveau grand nom parmi les scénaristes de l’industrie comics (après Garth Ennis) et cela se ressent dès les premières pages. Vous aurez tout de suite cette sensation unique d’être pris dans une histoire pas comme les autres, happé sans possibilité de retour, saisi par l’envie fiévreuse de tourner les pages pour savoir où mène tout ceci. Une sorte de voyage vers l’espace et l’inconnu. On pourra compter sur Lemire pour nous réserver des coups de théâtre incroyables, transformant sans arrêt son histoire et mettant à mal ses personnages. Un tour de force d’autant plus remarquable qu’il donne en plus une humanité profonde et forte à chacun d’entre eux alors même que le one shot est court et se dévore en quelques instants. Certainement grâce aux dessins pleins de sensibilité de Gabriel Walta (l’artiste de La Vision), on se prend d’amitié pour ces enfants au courage sans borne mais aussi à l’intelligence artificielle, Valérie. S’attacher à une voix de robot, voilà encore une des nombreuses folies qu’a réussi à orchestrer Lemire ! Impossible de passer sous silence également les nombreux emprunts et clins d’œil à des chefs d’œuvre du cinéma SF. La tension permanente et la paranoïa intense rappellent les plus beaux passages d’Alien mais c’est surtout avec Stanley Kubrick et son 2001 l’odyssée de l’espace que Lemire ose l’impensable en proposant une nouvelle réécriture du chef d’œuvre du septième art et notamment en reproduisant la fameuse IA Val/ Hal. Valérie, peux-tu enclencher le pilotage automatique, allumer le poste CD et démarrer Le Beau Danube Bleu pendant que je lis ce petit bijou ?